Caractère

L’alcool s’évapore dans le café qu’il affectionne beaucoup trop. Ou plutôt il aimerait que la liqueur disparaisse. Qu’elle n’empoisonne pas plus ses organes qu’elle le fait déjà mais c’est trop tard, il en veut, il en a besoin. Quand il ne s’évertue pas à consommer du café, c’est le thé à la menthe qu’il faudrait lui passer par intraveineuses. Anir oscille entre les deux, sans jamais choisir ce qu’il préfère. Ou si, l’alcool justement, sa faiblesse que son père aurait répudié pour des raisons de foi. Son autre père dirait que c’est pour faire passer la peine, qu'un homme a besoin de son remède.

Comme s’il était malade.

C’est quelque chose qu’Anir peine à reconnaître. On lui a toujours dit qu’il était spécial, alors il n’y a jamais fait grandement attention. Sourd à tout ce qu’on lui prêtait, ses parents ne voulaient pas en entendre plus et son frère Aylan lui a répété qu’il était “normal” pour un petit frère, à savoir collant et chiant. Alors il n’écoute rien d’autre. L’esprit fermé. Probablement borné, et sans doute de mauvaise foi, comme bien des moments dans sa vie. Il oublie ainsi les différents troubles qui rythment son existence, omet les cris dans son sommeil, les cauchemars qu’il fait même éveillé et ses malaises qui le prennent régulièrement. Pourtant, c’est plus fort que lui. Il continue de retourner dans ces quartiers, pour avoir sa dose de ce qui lui manque. Cette fascination morbide pour ce qu’il y a de plus noir en chacun de nous.

On lui a donné quelques cachets, des trucs pour le stress et il n’a rien trouvé de mieux que de se les enfiler avec de l’alcool. Mauvais pour sa  santé ? Il s’en doute mais tout ce qu’il veut maintenant, c’est un peu de tranquillité. Et tant pis s’il doit se retrouver dans un état second après. Ronchon, il n’attend pas qu’on le commande, même s’il s’exécute, ce n’est pas avec plaisir et ça, il le fait savoir bruyamment. Il n’est pas approchable, comme homme. Gardant une distance avec les autres, peu tactile et surtout, évitant le contact visuel. Regarder quelqu’un dans les yeux est un supplice s’il n’a pas son précieux appareil photo. C’est aussi mieux lorsqu’il porte des lunettes de soleil.
Le voir de cette manière rend difficile à imaginer la suite mais Anir est bel et bien simple quand il s’agit d’enfants. Il aurait aimé pouvoir éduquer son fils et à défaut, se sent père de tous les enfants qu’il rencontre. Il a aussi un certain goût pour tout ce qui est mignon - sa nourriture prend même la forme de petits animaux lorsqu’il cuisine (il adore d'ailleurs les chats) - et un penchant, qu’il garde secret, pour les maids. Il s’écoute aussi un mélange entre le rock, le hard rock et le métal. Et, chose surprenante, s’il est peu tactile en général et très grognon au réveil … le sommeil le désinhibe complètement et il devient très câlin le matin ( mais toujours en ronchonnant ).

En revanche, pour l’entendre, il faudra se lever de bonne heure. Déjà, parce qu’il n’aime pas les petites conversations, il préfère entrer dans le vif du sujet, quitte à être désobligeant. Froid et direct, il désarçonne ceux qui s’attendent à une modeste politesse. Et il a beau savoir parler quatre langues ( en l'occurrence Japonais, Français, Arabe et Anglais), la discussion n’a jamais fait partie de son quotidien, préférant largement les actes et les gestes.

Des gestes qui peuvent s’avérer étonnamment tendres, vu le monsieur. Il est tout délicat envers les choses, mais aussi les gens, comme s’il craignait de briser quoi que ce soit d’un mauvais mouvement. Dans la retenue, vis à vis de sa gestuelle, Anir ne remue pas beaucoup, il s’enracine, fait le moindre nécessaire. Autant dire que le sport, très peu pour lui, heureusement, la nature l’a gâté en ce qui concerne son métabolisme, mais il n’aime pas s’épuiser.

Néanmoins matinal, il est du genre à se réveiller aux aurores et à se coucher extrêmement tard, le tout, dans le cadre de son travail. Une habitude qu’il a prise, de peu dormir, ou à la limite, faire une sieste en journée.

Dans ses relations avec les autres, sa distance le rend compliqué mais ce qui est d’autant plus gênant, c’est sa jalousie. Elle lui pourrit littéralement la vie. Les gens plus jeunes. Ceux qui ont réussi. ça le rend malade. Et très vite, son moral est titillé par le succès des autres. Il est capable d’être heureux, mais seulement pour ses proches, le reste, il n’y trouve pas d'intérêt particulier.

Il vit sa vie.
Se détruit.
Tout simplement.

Résumé et fun facts :
Aime les choses mignonnes - Ronchon - Peu abordable - Faible quand il s’agit des enfants - A du mal avec le contact visuel, en dehors de l’objectif d’un appareil photo - Alcoolique - café noir et thé à la menthe - Très bon cuisinier mais n’aime pas cuisiner pour lui-même - Fait des motifs mignons avec sa nourriture - Pas à l’aise avec le contact sauf certains privilégiés - Awkward socialement - N’aime pas parler, surtout pour ne rien dire - Aime les maids - Écoute du rock, hard-rock et du métal - parle japonais, français et arabe  - protecteur - très tendre quand on le connait - jaloux, surtout amer du succès des autres - fasciné par la noirceur humaine - peu empathique - ne comprend généralement pas les allusions - fait des PTSD - désinhibé au réveil, il est excessivement câlin - Fait du jeu de rôle - Récupère tous les chats du quartier

Physique

En bref :
1m60 - 55kg, yeux noirs, cheveux noirs bouclés, quelques cheveux blancs, cicatrice sous l'œil droit ( Souvenir de guerre ) - Ses phéromones sentent l’amande

Une odeur de menthe finement sucrée, de café et de shampooing au jasmin. C’est ce que l’on sent avant même de le voir. Et pour le voir, il faut le vouloir. Dans une foule, Anir disparaît complètement. N’atteignant pas plus haut que le mètre soixante, pour un poids léger, il se noie dans ses vêtements. Pulls et plus rarement chemises, aux couleurs diverses même s’il préfère demeurer monochrone. Des pantalons cargo pour se mettre à l’aise et parfois, des sarouels, Anir n’a pas la dégaine du boy’s next door classique. Entre le vieux hippie et le vieux métalleux, oui “vieux” c’est important. C’est comme ça que ses opposés, les “jeunes” le voient. Peut-être à cause de ses pattes d’oies aux coins de ses yeux noirs, ou bien ses quelques rides, ou encore ses cheveux blancs qui se perdent dans la masse sombre de ses ondulations. En tout cas, il n’a plus l’air d’un adolescent depuis longtemps. Il reste les goûts, les patch sur son sac à dos qui montrent différents groupes de musique, japonais ou non.

La peau blanche, bien que d’une nature à bronzer facilement, il n’est pas rare de le voir “mal rasé”, affichant une petite barbe et moustache de quelques jours. Pas que sa pilosité soit très développée mais, pour un omega japonais, elle l’est. On notera en particulier ses cicatrices un peu partout sur le corps mais surtout celle sous son oeil droit. Un vieux souvenir dont il n’aime pas particulièrement parler. Mais ça lui donne un air de bad boy ou de vieux soldat alors ça lui plait. Bad boy, justement, avec ses cheveux fous qui lui tombent sur les épaules. Il lui arrive de les attacher en queue de cheval, sinon en bun sur le sommet de sa tête. Néanmoins, il préfère les avoir lâchés, précisément parce que ses mèches cachent en partie sa cicatrice, même s’il l’aime bien, il la trouve disgracieuse. Sans compter sur le fait que ça lui fait moins froid sur la nuque. En effet, frileux, Anir aura tendance à porter pas mal de couches de vêtements et des écharpes. Il est même capable de porter des collants en plein hiver sous son pantalon.

Ses phéromones sentent l’amande.

Histoire

C’est tout ce qu’il reste d’une vie d’errance.

L'entièreté d’un monde au fond d’un verre.

Anir sait qu’il ne devrait pas boire. C’est pas bon pour lui, pour sa santé, c’est même contre sa religion. Mais c’est plus fort que lui, l’appel de la liqueur l’attire encore et encore. Peut-être que ce soir est pire qu’un autre. Peut-être parce qu’il a raccroché à son père avec un goût amer sur le palais.

Trouve toi un alpha qui sache s’occuper de toi.

Ton frère ne sera pas toujours là pour toi.

Il est vrai qu’il a de la chance qu’Aylan vive au Japon, comme lui, contrairement à leur père. Son frère lui rend régulièrement visite, un éclat de soleil dans sa vie relativement sombre, enfin, c’est probablement à cause des rideaux qu’il garde tirés pour éviter la lumière, éviter qu’elle abîme son cœur déjà usé.

ça n’a pas toujours été le cas. Ses parents ont beau s’être séparés, l’avoir séparé de son frère, Anir s’en allant au Maroc tandis que les deux autres étaient restés au Japon, il a quand même eu une enfance heureuse. Alors, on le taxait de “bizarre”, parce qu’il avait une moindre réaction émotionnelle, et, comme si quelque chose en lui était cassé, il se mettait à hurler à l’entente de certains sons, quand on venait le provoquer. Peu joueur, dans son propre monde, Anir avait ses propres passions. Et la photographie s’installa très jeune chez lui.

Sauf qu’une ombre commença à planer. Les appels plus rares de son autre père, les échos inquiétants de son frère qui leur disait de ne pas s’en faire. Avec l’accord de son géniteur, Anir prit l’avion pour le Japon, rejoignant le reste de la famille. Il avait à peine dix huit ans.

Et à peine arrivé, tout s'enchaîne très vite. Il retrouve son père et son frère aîné Aylan. Il apprend que son père fait partie de la mafia, et comprend mieux pourquoi leur autre père a fui. Mais il y a aussi …

Ses doigts se serrent sur le verre, la tête penchée vers l’avant. Les souvenirs affluent comme un flot tourbillonnant. D’ailleurs, la tête lui tourne et il se laisse tomber assis dans son siège, devant son bureau. Il n’a pas besoin de sortir les photos du tiroir pour les voir.

Céleste.

Céleste.

Son nom laisse encore un goût amer dans sa bouche. Pourtant, ils se sont aimés si vite, si fort. Anir voyait comme le destin entre son nom et celui de Céleste, il a cru, il a sincèrement cru qu’il s’agissait de son âme sœur. Et à peine furent-ils mariés que Anir accoucha d’un bébé, le plus beau de tous, qu’ils nommèrent à partir de la constellation : Persée.

Sauf qu’après les années de bonheur, vinrent les tensions. L’amour qui se fane. Au point où Anir voulait quitter Céleste mais ce dernier ne l’entendait pas de cette oreille. A force, le japo-marocain se sent acculé, séquestré alors il décide de fuir … avec son fils. Ils se retrouvèrent en cavale un moment, avant d’être rattrapé par la police, le petit avait alors quatre ans et Anir se souvient encore de ses cris tandis qu’on l’arrachait à lui.

Cette affaire alla devant le tribunal.
Et le résultat fut en appel.

Une ordonnance restrictive fut mise en place. Anir n’eut plus le droit d’approcher Céleste ou leur fils.

ça le fait encore serrer des dents. Il s’enfile le reste du verre cul sec et commence à se resservir.

C’est là qu’Anir a vraiment plongé dans son travail. De ses photos sombres, il gagna en expérience à l’étranger, sur des territoires en proie aux chaos armés. Sa spécialité ? Les crimes de guerre. Ce n’est pas quelque chose de plaisant, ou dont on peut être fier, néanmoins, certains de ses clichés firent le tour du monde. Son insensibilité passa pour un miracle, quelque chose qui pourrait vraiment l’aider dans ce métier. Pourtant, il existe une réelle finesse dans ses photos, une émotion terrifiante, de quoi coller la chair de poule.

Et son frère s’inquiétait, quand il rentrait. Il venait le voir, il passait du temps avec lui. Chose d’autant plus récurrente après que leur père japonais soit décédé.

Tu devrais faire plus attention à ta santé.

Bon dieu qu’est ce qu’il avait raison.

Néanmoins, Anir ne voyait pas le problème, il avait même retrouvé l’amour. Sa respiration se saccade, son torse se soulève emporté par les sanglots. Elle était si belle, si douce, si gentille. La voisine parfaite.

Sa fille aussi était parfaite.

Et le père de famille.

Ils étaient une famille parfaite.

Anir avait beau chérir les rares moments en sa compagnie, il ne pouvait s’empêcher de laisser courir des pensées plus venimeuses vis-à-vis de son mari. De leur union où tout paraissait aller pour le mieux. Anir cherchait la petite bête, la faille dans le magnifique édifice et en attendant, il repartait régulièrement à l’étranger pour son travail.

Jusqu’à ce que tout s’effondre.

Le photographe se souvient encore de ce jour. Innocent, lors de cette réunion du comité du voisinage, il avait demandé pourquoi elle n’était pas là.
- Oh mon dieu c’est horrible. Vous ne savez pas ? Bien sûr que non, vous ne pouvez pas savoir.

C’est de cette manière qu’il appris le décès de cette femme et son mari dans un accident. Environ un mois après qu’il se soit produit.

Cette femme qu’il aimait.

L’ondée salée dévale ses joues. Il n’a même plus la force de terminer son verre. Il n’a même plus la force de travailler. Il s’est écroulé la dernière fois, en pleine mission, on l’a rapatrié en vitesse au japon. Récoltant une nouvelle cicatrice au passage. Le médecin a parlé de “choc traumatique” après tout ce qu’il a vu et maintenant, il est en arrêt maladie. On lui préconise d’arrêter, qu’il devrait aussi ralentir sur la boisson.

Alors il se lève, s’empare de son appareil photo, passant la sangle autour de sa nuque. Il ne marche pas droit mais au moins, ses mains ne tremblent pas. Il est prêt à aller en ville, dans les rues les plus reculées et les coins les plus sombres.

On ne l’empêchera pas d’assouvir ce qui ressemble maintenant à une obsession.

Il sort.