Caractère

Je vais être clair. Je joue un double jeu. Faut savoir s'adapter pour survivre dans ce monde régit par castes. On va pas se mentir, même s'il y en a qui croient qu'un jour on sera tous égaux, même si on me sort qu'il y a de plus en plus de personnes qui ont de la considération pour les omégas et les bêtas, j'ai beaucoup de mal à croire que ça puisse changer quoi que ce soit. Il y aura toujours de l'animosité réciproque, venant de chaque parti.

Devant tout le monde, en règle général, je me montre le plus souriant, poli et agréable possible. Je ne vais pas vers les gens (pas besoin, vu qu'ils viennent à moi), mais lorsque dialogue il y a, je joue les sociables. Vous me direz que c'est bien faux-cul de ma part.. mais personne ne le sait. Après tout, vous êtes tous compris dans le lot – au passage ça évite de faire des bourdes. D'ailleurs, si j'ai l'air de m'intéresser à vous en vous posant des questions, sachez que ce n'est pas le cas. Bien souvent ce n'est que pour paraître sympa, parce qu'au fond j'en ai rien à foutre de la réponse. Mais voilà, faut jouer les mignons limite écervelés pour que ça passe bien et qu'on m'en veuille pas si jamais j'ai loupé une info.

En vrai, je vais vous raconter qui je suis. Sûrement pas glorieux mais bon... Les personnes qui connaissent tout de moi ne se comptent que sur les doigts d'une main.

• Capricieux : Parce que non, je n'ai pas seulement l'air d'un gosse. J'obtiens toujours ce que je veux ! Je connais mes atouts et je n'hésite pas à m'en servir au besoin. Armez-vous de beaucoup de patience si vous voulez faire le poids, car j'arrive toujours à mes fins...

• Fidèle : J'parle pas d'amour (est-ce que ça existe vraiment, d'ailleurs ?), mais de fidélité envers les personnes que j'estime. Comme y en a très peu, ça ne concerne que ma mère et mes vrais amis avec qui je suis moi-même. Je ferai tout pour eux, tout. Qu'ils soient dans la merde, en danger, qu'ils n'aient que des broutilles.. ils peuvent faire appel à moi. Jamais je ne les laisserai tomber.

• Rusé : Je n'ai pas l'air comme ça, mais je suis un vrai petit filou tube. Complotiste et joueur, je trouverai toujours un moyen de tout tourner à mon avantage. Besoin d'argent ? D'une montre ? D'une paire de chaussures invraisemblablement chère ? Aucun problème, j'étudie parfaitement le terrain et je vous dégotte ça.

• Grossier : Il paraît que ça surprend toujours quand j'me met à jurer. Les gars que je fréquente parfois la nuit se marrent toujours quand ils m'entendent parler. D'ailleurs j'veux bien être gentil mais j'ai aussi mes limites.. je peux vite monter en pression et piquer ma crise. Vous savez, comme ces petits chiens là, qui aboient plus que les gros. Ouais c'est peut-être parce qu'on a pas grand chose pour se défendre...

• Idiot : J'ai toujours été nul en cours. L'école m'a jamais donné envie d'étudier et d'apprendre. J'suis pas non plus cultivé pour un clou, mais quand il s'agit de quelque chose que j'aime, je suis incollable. On peut me mettre dans le même sac que les blonds sans problème, ça ne me dérange pas et j'assume totalement (ouais, ça m'arrive de sortir des conneries grosses comme le monde). Il m'arrive aussi très peu de réfléchir avant de parler ou même d'agir – sauf si je me retrouve dans une situation à risque ou compromettante.

• A l'écoute : Encore une fois, ça concerne en grande partie ceux que je considère comme ma famille. Par-contre, si je sais que quelqu'un est mal en point et a besoin de parler, je ne peux m'empêcher de jouer les super psychologues. Selon le contexte, soit je me retrouve avec de bonnes informations que je vais soigneusement garder.. soit j'essaierai de consoler de mon possible si c'est quelque chose de dramatique qui me touche.. soit je vais me faire chier en perdant mon temps si on me raconte un vieux chagrin d'amour de mes deux.

• Gourmand : Alors là.. le secret ultime pour que je vous foute la paix ou que vous m'achetiez, c'est de me donner à manger. Surtout du sucré, impossible de refuser même une fois la panse bien remplie. J'ai une dent contre vous ? J'étais en train de vous incendier ? Tendez-moi une sucette et ce sera oublié.

• Je-m'en-foutiste : En règle générale, ce qu'on me dit rentre par une oreille avant de ressortir par l'autre – à moins que l'on arrive à susciter mon intérêt. A certains moments, il peut se passer tout ce que vous voulez, j'en aurai tellement rien à faire que vous me verrez dans la plus totale indifférence. Zéro réaction, à regarder dans le vide (j'avoue, c'est surtout quand je me met en mode bulle en écoutant de la musique, y a plus personne).

• Généreux : N'ayant connu que la pauvreté chez moi, avec ma mère qui s'est toujours démenée telle une lionne pour mon bien-être, je me sens forcément obligé de donner aux plus démunis – même si moi-même je suis au ras des pâquerettes. J'ai le cœur sur la main pour ça.. et quoi de plus naturel que de faire participer les plus riches qui ne manquent de rien ?

• Sensible : On dirait pas, mais j'ai un cœur, hm. Même si j'extériorise beaucoup avec mon côté hargneux ou au contraire quand je suis apathique.. il y a des sujets sensibles qui me font craquer. Pleurer, quoi. Et le premier qui balance que je chiale en regardant des films je le tue.

• Flemmard : Aaah ce que j'aime glander ! Le farniente, y a que ça de vrai ! Partisan du moindre effort, bonjour !

• Indépendant : Vous voyez les chats ? J'sui pareil. Je peux certes squatter à droite à gauche, mais je reste débrouillard. Assez solitaire, je compte rarement sur les autres. Je fais ma vie, même si elle est instable et à l'issue incertaine. En fait, j'crois que je profite un max de ma liberté.

• Phobique : Les insectes, j'en ai une sainte horreur. Après, je suis pas raciste, je critique autant ces bestioles horribles que les personnes que je trouve moches. Donc ça va, non ?... Plus sérieusement, je crois qu'en vrai je flippe des Alphas. J'ai peur que l'un deux prenne trop la confiance et me vole ma liberté. Ils sont tellement tarés et se croient tellement tout permis... Putain j'espère que j'arriverai à jamais me faire bouffer.

• Rancunier : T'auras beau être le pote que j'affectionne le plus, si un jour tu me plantes un couteau dans le dos, cours sans jamais te retourner. S'il te vient à l'esprit de revenir vers moi, la queue entre les jambes en t'excusant.. ne crois pas que ce sera si simple. Tu vas ramer avant que je puisse de nouveau te redonner toute ma confiance.

Physique

« Imaginez-vous un ange croisé avec une licorne, ajoutez du sucre, des épices et plei- N'imaginez pas trop enfin ce n'est qu'une métaphore ! Vous n'avez qu'à me regarder quoi : une peau de porcelaine, laiteuse, toute douce (eh ouais, malgré la tise et la fumette ! - Et pas de « t'es jeune encore, tu verras les dégâts plus tard », c'est clair ?) ; des yeux d'un bleu azur (splendides, n'est-ce pas ?) dans lesquels quiconque peu se perdre ; et des cheveux roses bonbons (ça, ça vient de la licorne) ! Vous savez tout. »
…
« C'est insuffisant comme description ? Faut que j'me foute à poil ?
...Hors de question !! »

Niveau envergure, je suis dans la catégorie des plus grandes personnes de petite taille (alors déjà que les japonais sont pas bien grands, faut que je positive un minimum..), environ 1m59 – taille déclarée depuis ma dernière année de lycée, alors franchement j'espère avoir au moins dépassé la barre des 60cm maintenant. Je suis mince, pas un pèt' de muscles (ou alors ils sont vraiment bien cachés) – mais ça ne veut pas dire que je ne sais pas me défendre, attention ! Et au-delà de la force que j'avoue ne pas avoir, c'est compensé par la vitesse que je peux atteindre si je me donne à fond. Je vous prend à la course quand vous voulez ! Alpha ou non, je risque pas de m'écraser. Héhé...

Pour les fringues, la journée je porte des vêtements haut en couleurs. Déjà parce que j'aime tout ce qui est pétillant et original (oui, même si ça fait saigner les yeux), mais aussi pour soigner mon image de marque d'adorable petit ange tout mignon. Les gens aiment ça, zéro méfiance, on me donnerait le bon dieu sans confession. Par-contre, quand je sors la nuit – j'entends ici, soit seul, soit pour rejoindre des personnes pas très.. fréquentables – c'est fringues plus trash, très dark, beaucoup moins voyant quoi... Ouais, voyou ça fait bien. J'aime le terme. Y a d'ailleurs qu'à ce moment-là que je fume (Bah oui l'image de marque faut pas l’entacher).

Malgré que je sois adulte, j'ai toujours un corps et un visage d'adolescent. Peut-être un mal pour un bien ? Ça a ses avantages comme ses inconvénients :
• Ce qui me fait chier, c'est – il faut le dire – que j'attire tous les pervers du coin (punaise, si j'm'étais rangé du côté de la police, on en aurait arrêté des gens..) ; il y a aussi le fait qu'on ne me prenne pas toujours au sérieux selon les situations (Ok, j'ai h24 une sucette dans le bec, et alors ?) ; pour finir j'vais pas vous faire un dessin, qui dit corps de gamin, dit.. pas très développé partout hein.
• Ce qu'il y a de pas trop mal, c'est que j'ai très peu de pilosité intempestive – vue ma gueule valait mieux pas que je sois un singe, j'vous l'dis... ; l'autre truc bien, c'est qu'on est plutôt cool et clément avec moi (pour ceux qui prennent pas trop les omégas pour des merdes), on m'offre quelques trucs à bouffer de temps en temps ; évidemment le meilleur c'est qu'on risque pas de se douter que je suis à l'origine de certaines.. « disparitions » !

Histoire

D'après mon acte de naissance, je suis né le 12 avril 1997 – aux alentours de 23h selon ma mère. Je dis ça comme une supposition, parce qu'on l'a jamais vraiment fêté, mon anniversaire. On pouvait pas se le permettre. Ma mère s'en est toujours voulue pour ça. Faut dire rien qu'en temps qu'oméga déjà de base, on partait avec une balle dans le pied. Pour enfoncer le clou, on vivait dans la précarité. Jusque-là rien d'exceptionnel me direz-vous : les Omégas font rarement partie des plus grandes richesses. Il aurait pu en être autrement, si la famille du côté de mon père nous avait acceptés. Vous savez, ces vieux réacs d'Alpha. Une famille hyper conservatrice qui n'accepte que les meilleurs des meilleurs chez elle. Aucune descendance « faible » - quel malheur ce serait ! Comme ma mère n'était pas une d'entre eux, il y avait un risque pour que ses enfants ne le soient pas non plus. Pour ça qu'elle a jamais été acceptée. Il fallait une alpha et rien d'autre.

De ce que je sais, nous n'avions d'autres choix que de vivre dans cette petite bicoque, pour ne pas paraître suspects. La famille de papa ayant appris sa liaison avec maman au tout début de leur histoire, avait bien signifié son mécontentement et proféré quelques menaces envers elle. Donc pour la protéger, il n'eut d'autre choix que de faire comme s'ils avaient rompu. Si elle vivait au-dessus de ses moyens, ils auraient fait tout de suite le lien – parce qu'en plus, oui, ils ont mené l'enquête. Ils avaient du attendre presque un an pour se retrouver en cachette. Le temps que les filatures cessent... Suite à leurs retrouvailles, me voilà né deux ans plus tard. Même si mon père ne pouvait pas vivre avec nous, ils nous apportait tout l'amour qu'il pouvait quand il était là. Il se dégageait le plus de temps possible pour venir. Ce qui est dommage, c'est que je n'en ai aucun souvenir...

En effet, ce fut dans le courant de mes 4 ans que son décès fut prononcé. Un accident de la route très grave en pleine nuit apparemment, un de ses chauffards ivres qui s'en battent totalement les couilles de reprendre le volant même en totale incapacité. Ma mère était dévastée. Heureusement que cet enculé ne s'en était pas sorti. Je me serai chargé de le retrouver sinon une fois que j'en aurai eu les moyens, croyez-moi. Ce fut donc à partir de cet instant que notre train de vie avait considérablement diminué. Maman ne s'est jamais contentée d'être une femme au foyer, mais il est vrai que mon père participait beaucoup financièrement pour nous apporter un confort plus supportable et une vie moins stressante. Mais pour une Oméga toute seule avec son bambin, ce n'était plus la même chose.

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Grâce à ses fidèles services passés au sein de la famille Shiino – encore de riches alphas renommés mais légèrement moins connards – elle put obtenir une très belle faveur. Elle gagnait certes un salaire plus que correcte en tant que gouvernante, mais avec toutes les factures à payer et les courses pour vivre, elle ne pouvait pas se permettre d'embaucher une nourrice pour me garder. Ayant discuté avec M.Shiino – qui avait forcément appris pour la disparition de son mari – il lui accorda le droit de m'amener avec elle à son lieu de travail. La condition était qu'elle n'en oublie pas ses obligations tout en me gardant tout de même à l’œil pour ne pas que je fasse de bêtises. Si j'avais cassé quoi que ce soit, elle se serait certainement endettée !!

Ce fut donc ainsi que j'avais rencontré mon meilleur ami : Makoto Shiino – effectivement, alpha lui aussi. Incroyable mais vrai. Avant de se retrouver gradée comme gouvernante de leur fils unique, elle avait passé 10 bonnes années à s'occuper du ménage de leur grande demeure, sans jamais se plaindre et toujours en faisant un travail impeccable. Ils ne l'auraient pas gardée si elle ne les satisfaisait pas après tout. Comme ces personnes étaient toutes deux très occupées de part leur métier exigent : monsieur étant pianiste de talent et madame violoniste professionnelle, aucun n'avait le temps de s'occuper de Makoto. Même à sa naissance, rien n'avait changé, c'était le travail avant tout.

A notre rencontre, j'avais donc 4 ans et demi, lui en avait 8. Encore tout jeune et innocent, j'étais bien loin des soucis entre les castes. Pour moi, ce garçon je le voyais comme un futur copain ! Dans l'immédiat, ce ne fut pas son cas. Il me fuyait complètement. Il avait beau être plus âgé, il n'avait pas vu les choses sous le même angle. En même temps je peux comprendre que voir débarquer chez soit un gros marshmallow ambulant, ça pouvait faire flipper. D'autant que j'étais déjà très vif. Donc ça faisait plus marshmallow zombie ambulant, vu que je le suivait dès que je l'avais dans le viseur. Le pauvre était complètement intimidé par ma présence. En temps que fils unique, c'était compréhensible. Il lui avait fallut s'adapter à ce que j'envahisse son espace vital. Petit à petit, sa timidité et sa peur disparurent.

Plus que de simples amis, nous étions devenus des frères. Du moins, c'est ainsi que je le voyais, comme mon grand frère. Nous étions collés l'un à l'autre H24. Quand je devais faire mes siestes, je faisais tout un cirque pour dormir avec sa présence à mes côtés. Même en grandissant, quand je piquais du nez il me fallait bien son épaule ou ses genoux pour m'installer. On faisait vraiment pratiquement tout ensemble. Je vous raconte pas les crises que je piquais quand ma mère avait terminé ses journées. J'hurlais à la mort comme si on arrachait ma moitié et que je ne la reverrais plus jamais, quand bien même on me rabâchait tous les jours que je le retrouverai le lendemain.

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Toute ma scolarité, j'ai suivi ses pas. Enfin, « suivi » est un bien grand mot. Tant que nous le pouvions, nous restions dans le même complexe scolaire. Avec 4 ans d'écart, nous ne pouvions évidemment pas faire partie de la même classe.. mais au moins, on pouvait se voir aux récréations ou bien – une fois plus vieux – pendant les heures où l'on avait pas cours, quand nous en avions en commun (J'avoue, j'en ai séché pas mal pour pouvoir rester avec lui)... Très clairement, l'école je l'ai bien aimée jusqu'à ce que j'arrive au collège. Les premières années franchement c'était trop bien : jouer, chanter, colorier, dormir... Après bon, m'a fallu un petit temps d'adaptation pour accepter les devoirs à la maison. Mais après les trucs basiques ça restait pas trop mal. Concernant les dernières années de primaire, on pouvait pas me qualifier d'élève studieux ni de spécialement bon. On va dire que j'étais dans la moyenne. Je m'en contentais. Je faisais pas plus d'effort que ça, préférant grandement les bavardages intempestifs.

A partir de mon entrée au collège, j'étais passé de l'élève moyen à mauvais : trop dissipé, inattentif, facilement déconcentré, bavard.. Les heures de colles commencèrent très vite à pleuvoir. Pourtant, même si ça me faisait chier de perdre encore plus de temps, ça ne m'avait pas fait changer d'état d'esprit. Je savais que j'étais pas doué car presque aucune matière ne m'intéressait. Il ne devait y avoir qu'en sport et aux activités manuelles pour lesquels j'étais fort et assidu. Tout ce qui nécessitait de réfléchir, ça me gonflait. Face à mes résultats catastrophiques, ma mère avait essayé de me raisonner : « Izumi.. Fais un effort.. Je ne veux pas que tu te dises que tes efforts ne serviront à rien juste parce que tu n'as pas l'envie de te lancer dans de grandes études. D'ailleurs, même pour de simples petits boulots il y en a qui veulent voir le comportement que tu avais à l'école... Je veux juste que tu n'aies rien à regretter dans ta vie, mon chéri. ». De bien sages paroles, mais complètement vides de sens pour moi. Je m'étais contenté d'acquiescer pour la rassurer, sans lui dire le fond de ma pensée. Je ne voulais pas la blesser, surtout pas elle. Je sais qu'elle rêvait d'une vie meilleure pour son fils, mais je ne me faisais pas d'illusion. Même en cours on apprenait que les Alphas étaient les plus privilégiés. C'était affligeant et malheureux. Ça me révoltait.. me dégoûtait même. Au fond de moi - et vue les stéréotypes de chaque caste - je ne me sentais pas l'âme d'un grand alpha ou d'un quelconque leader. Je n'étais ni fort, ni grand, aucune prestance ou aura animale naturelle. J'étais pas con. J'avais plus l'étoffe d'une vulgaire proie.... Je pense que même ma mère s'en était toujours doutée aussi. Je comprenais mieux tous ces regards inquiets qu'elle me lançait parfois, quand on se promenait dans le parc, ou même ailleurs. J'étais trop fragile.

Juste par respect pour ma petite maman, j'avais tenté des efforts après être passé de justesse à ma seconde année de collège. Elle avait eu tellement peur que je redouble que ça m'avait quand même fais mal au cœur. C'est pourquoi j'avais demandé de l'aide à mon plus fidèle ami : Makoto. Toujours fourrés ensemble et surtout super gentil avec moi, il n'hésita même pas à accepter. Il savait que j'avais énormément de lacunes – il m'avait d'ailleurs lui aussi fait la morale à plusieurs reprises sur mon comportement des plus limites. J'étais têtu, que voulez-vous ? C'était ainsi. Au moins, je tentais de me reprendre en main malgré tout. Mon super grand frère était un bon professeur, heureusement pour moi. En échange des cours de rattrapage que je me devais de suivre avec la plus grande attention, il m'offrait des récompenses pour les exercices que je réussissais. C'était bien mieux qu'à l'école ! Les profs auraient du prendre exemple sur lui.

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Makoto avait toujours tout fait pour moi. Il parvenait même à m'accorder tout son temps libre, en dehors des cours qu'il me donnait et de ses propres devoirs (Ce que je n'ai jamais su, c'est que c'était totalement au détriment de sa dernière année). Notre lien hyper fusionnel en était la cause. D'ailleurs, il s'en était découlé bien des conséquences. Cette année là, j'avais 13 ans. Lui, 17. Un jour comme un autre, en plein week-end, nous étions dans son immense chambre à regarder un film.  Ayant toujours été très tactiles l'un envers l'autre – tout en ayant jamais pensé à quoi que ce soit de malsain – j'étais lové dans ses bras. Ma tête reposait sur son torse et une de mes jambes était glissée entre les siennes. J'étais juste calé. Tranquille, comme je le faisais souvent. Peut-être à cause de ce lien si particulier qui nous unissait, mes premières chaleurs se déclenchèrent, plutôt en avance. C'était clairement pas prévu. Vous vous doutez bien qu'en tant qu'alpha, ça lui avait fait perdre la tête. Il ne pouvait pas se contrôler..... Heureusement que ma mère n'était pas loin et qu'elle a entendu des bruits sourds très inhabituels. Sans son intervention, on aurait bien été dans la merde. Elle nous avait évité une belle connerie. Depuis ce jour, je n'eus plus d'autre choix que de me trimbaler avec ces foutus inhibiteurs sur moi. Pour palier aussi à de probables mâles en rut, je me coltinais ce gros collier en cuir qui étouffait ma peau. Je me sentais clairement comme un chien. Mais ainsi allait être ma vie. Handicapante.

Cet événement nous avait quand même foutu un coup à tous les deux. Par précaution, maman nous avais demandé de nous éviter quelques temps, histoire que tout ça se calme. Ce fut très dur, mais nous avions obtempéré. Je ne compte pas revenir sur les détails de cette après-midi, mais j'avais surtout été choqué de moi-même... D'avoir ressenti un si gros désir d'être dominé. Ressentir cet immense vide qui ne demandait qu'à être comblé, ça m'avait fait carrément flipper. J'avais zéro contrôle sur mon corps. Je n'étais plus moi-même.. et pour rien au monde je ne voulais revivre ça. Savoir à quel point je pouvais me retrouver à la merci de n'importe quel alpha.. putain. Un vrai traumatisme. D'ailleurs, je m'en voulais tout autant d'avoir causé tout ça. Makoto avait du bien être choqué, lui aussi. J'attendais avec impatience d'aller lui faire mes excuses, dès que j'en aurai la possibilité.

Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est qu'il avait eu l'air de m'en vouloir. Ou si ce n'était pas ça, c'était qu'il y avait clairement un malaise entre nous. Nos échanges étaient mois évidents, puis moins proches... Le côté tactile avait bien vite disparu. Je comprenais qu'il faille faire attention maintenant, mais quand même !!! Je l'avais très mal pris. Étant aussi fier que lui, j'acceptais à contre-cœur cette distance qui ne fit que s'intensifier au fil des mois. La rupture fut plus nette lorsque nous avions appris qu'il devait redoubler sa dernière année. Forcément, ses parents – bien que pas plus impliqués que ça dans sa vie – avaient eu du mal à accepter. Eux qui ne prônaient que l'excellence, ce fut un coup dur « familial ». Carrément, ouais. Croyez-moi bien que j'en avais gros sur le cœur quand Makoto m'avait annoncé qu'il ne pourrait plus trop passer de temps avec moi. Moi qui comptait sur les vacances pour faire mon mea-culpa et enfin le retrouver... Raté.

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J'avais eu un petit espoir quand même. Je m'étais dis que si je bossais un peu plus sérieusement de moi-même à l'école, je regagnerai sa confiance et son attention. Du coup, j'étais quand même bien fier de lui annoncer les notes plutôt correctes que je parvenais à obtenir. Il me souriait toujours. Mon cœur se retrouvait même réchauffé lorsqu'il repris son habitude de m'ébouriffer les cheveux tout en me félicitant. J'étais comblé, d'autant que ça avait eu le petit effet escompté : nous nous reparlions de plus en plus. L'objectif à la fin de l'année, c'était de complètement nous retrouver ! Je prenais sur moi pour ne pas trop l'embêter. Je voulais vraiment qu'il puisse terminer son année en beauté, afin de pouvoir fêter avec lui l'obtention de son diplôme ! J'en trépignais d'impatience.

J'étais tellement heureux le jour J ! J'étais venu à la première heure à l'école – même si je n'avais rien à y faire – pour la remise des diplômes. La veille, il m'avait averti qu'il l'avait eu, avec une jolie mention en prime. J'étais super content et fier pour lui, donc je comptais lui faire la surprise pour que l'on fête ça ensemble... Totale désillusion : Ses camarades qui me connaissaient bien m'avaient demandé ce que je faisais-là... « Bah, t'es pas au courant ? Son père est venu avec lui récupérer le diplôme tôt ce matin. Apparemment ils avaient pas le temps pour la cérémonie. ». Okay. Surprise foirée. Bon bah... Me voilà donc à rebrousser chemin. Puisque c'était comme ça, j'allais m'incruster chez lui ! On pouvait quand même fêter ça. Une ambiance plus intime c'était bien aussi !

J'avais été reçu en bonne et due forme par son cher père. Je m'en souviendrai toute ma vie. Il m'avait très clairement fait comprendre que je n'étais plus le bienvenue dans la vie de son fils. Makoto ne voulait plus de moi, vraiment ? J'avais bien eu du mal à le croire... et pourtant.. aucune réponse malgré des dizaines de mails et de SMS envoyés, impossible non plus de le joindre par téléphone. Je tombais toujours sur sa messagerie. J'avais du me faire une raison, bien que très douloureuse. Mon cœur, il me l'avait mis en miettes et c'est sans pitié qu'il me les a piétinés. Sans raison valable, il avait totalement coupé les ponts avec moi. Pas d'explications, même pas un pardon, même pas un au revoir. Rien. Le néant le plus total. A partir de ce moment, ma joie de vivre fut brisée.

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J'ai très mal vécu cet épisode. Si bien que j'avais complètement baissé les bras en cours. J'en avais marre d'y être. Je voulais juste me barrer et faire ma vie. C'est pourquoi j'avais évité de redoubler en faisant le minimum syndical, attendant simplement l'âge légal pour arrêter l'école. Ne pas avoir de diplôme m'importait peu. Ne pas avoir d'avenir m'importait peu aussi. De toutes façons, il appartenait aux alphas, hm ? Nous, omégas, on pouvait bien bouffer la poussière. C'était notre place.

Ouais, c'est dévastateur une relation fusionnelle.

J'ai déçu ma mère. Je le sais parfaitement. Ça aussi, ça m'a bouffé. Elle aurait aimé que j'aille plus loin, que « j'accomplisse de grandes choses » pour reprendre ses propos. Mais non Maman, désolé. Je préférais de loin travailler pour t'aider à payer les factures et vivre mieux. Je devais bien faire au moins un truc bien dans ma vie. Héroïque de penser ainsi, mais plus dur à dire qu'à réaliser. De part mon jeune âge, et de plus sans bagages, on ne pouvait pas me confier grand choses. Pendant quelques années, j'avais donc cumulé plusieurs petits boulots, qui me bouffaient tout mon temps, en plus d'être très peu rémunérés. Au final, j'arrivai à rien. Je gagnais si peu que ma mère refusait cet argent si durement gagné. Je n'étais qu'un boulet.

Ce fut vers mes 19 ans, lors d'une petite mission nocturne, que je m'étais retrouvé à livrer des pizzas dans un coin peu recommandable (La seule chose de bien que j'étais parvenu à faire, c'était de passer mon permis pour pouvoir conduire un scooter, grâce aux économies que je pu faire avec l'argent que je n'avais pu donner à ma mère). Ce fut ainsi que je m'étais retrouvé du côté obscur de la vie. Très influencé de part le gain d'argent que je pouvais me faire, je n'avais même pas eu besoin de réfléchir. Les gars m'avaient tout appris. Fumer, me faire plus discret, voler à la tire, puis cambrioler. La seule chose que je refusais, c'était les braquages. On s'exposait trop pour ça. Ce que j'avais aimé avec eux, c'est qu'ils ne s'en prenaient jamais aux plus faibles – quoi que rendre la monnaie de la pièce à de vieux croûtons égoïstes et vénaux apportait une grande satisfaction. En fait, ils faisaient les durs, mais ils venaient presque tous de situations défavorisées. C'est pourquoi on ne visait jamais les quartiers pauvres. C'était tout un processus : on étudiait les gens. On ne s'arrêtait pas à ce qu'ils portaient sur eux. C'était une étude très poussée et réfléchie. Les enquêtes, j'aimais ça...

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Aujourd'hui, j'ai 23 ans. Je mène une double vie. Je parviens à apporter à ma mère un meilleur confort – pas autant que le faisait mon père, mais c'est toujours ça. Pour elle, je travaille dans les bureaux d'une petite entreprise. Elle pense aussi que j'ai mon propre petit studio, à mener une vie paisible. Je fais tout pour qu'elle ne sache rien sur ma réelle activité. Je ne voudrais surtout pas qu'elle ai honte de moi. Il ne me reste plus qu'elle, et la famille c'est ce qu'il y a de plus précieux.

En réalité, je ne suis qu'un petit voleur de bas étage. Je ne vise que les gros riches, les personnes à l'âme pourrie, les égoïstes et tout ce qui s'en suit (J'avoue, j'ai une pleine satisfaction à me servir chez les alphas). Ce « boulot » étant évidemment insuffisant pour vivre, il ne me permet pas d'avoir un toit. Je squatte donc ici et là, chez des amis, quand ils le peuvent. Si je n'ai personne, je cherche des bâtiments vides où séjourner, histoire de ne pas être complètement dans la rue. Vous imaginez bien que des affaires, j'en ai très peu. Heureusement pour moi, j'ai toujours ma garde robe d'adolescent – bah ouais j'ai pas bien grandi. La seule chose que je ne supporte pas, c'est de ne pas pouvoir prendre de douche dans la journée. Je tiens à garder une hygiène irréprochable et pour ça, je sais me débrouiller. Je n'hésite pas à aller dans des hôtels miteux au besoin si personne ne peut me dépanner de douche. Dans les cas où l'argent manque (rien que pour envoyer à ma mère la même somme chaque mois) je me résigne à faire quelques petites missions en intérim. Je trouve toujours un moyen, toujours. Moins j'emprunte, mieux c'est.