Caractère

Parleur & expressif – Shenlan parle… beaucoup, mais alors vraiment beaucoup. Il communique aux autres toutes ses actions, toutes ses pensées, tous ses états d’âmes. Il n’a absolument aucun filtre, et toutes ses paroles – aussi acerbe ou mielleuses qu’elles soient – proviennent de son cœur et n’y contiennent pas une once de malice. Ses mots sont les miroirs de ses sentiments. Il pleure de contrariété, rouspète d’exaspération, danse de joie. Shenlan est aussi transparent qu’une vitre de verre. Il est d’ailleurs toutes aussi fragile et délicat. Extrêmement sensible, sans doute un peu trop empathique, il s’effondre facilement à la moindre douleur, sans savoir comment l’apaiser correctement.

Rêveur & illuminé – Shenlan est complètement en décalage avec le monde. Souvent, il reste tellement longtemps dans ses rêves qu’il lui arrive d’étendre ces derniers dans la réalité, à la plus grande incompréhension de tous. Si vous le réveillez un peu trop brusquement et qu’il rêvait de Cendrillon, Shenlan pourrait facilement vous prendre pour Cendrillon. Il risquerait également que votre identité de Cendrillon reste collée à votre peau pour le restant de vos jours, à moins qu’une autre de ses fantaisies lui indique le contraire. Prenez-le pour un fou si cela vous chante, il faut garder à l’esprit qu’il le fait souvent exprès – c’est toujours plus amusant ainsi. C’est sa technique pour échapper à sa douleur. Le monde est trop noir à son goût, trop genré aussi. Mais c’est tellement amusant d’imiter l’autorité conférée aux Alpha, puis l’innocence attribuée aux omégas. Adolescent, il était le premier à en jouer faces aux riches clients de ses parents.

Vertus – Shenlan a complètement intégré certaines vertus traditionnelles chinoises – bien qu’il en jette volontiers certaines à la poubelle. Il y a la vertu la plus importante de toutes : la piétée filiale, c’est-à-dire le respect des parents, des personnes âgées, ainsi que la protection des enfants. Ensuite, il y a l’honnêteté, à la fois dans les actes et les paroles : il ne faut pas tenter ni l’hypocrisie ni la tromperie, mais toujours garder ses promesses, car on ne revient jamais sur ses paroles. Enfin, il y a l’éducation et le respect des gens de savoirs : l’étude est noble, toutes les autres professions sont viles en comparaison. Ce qu’il en retient ? Son obsession à plaire à ses parents, à vouloir les rendre fier, bien que cela se soit calmé aux fils des années.

Vices – Shenlan, bien qu’ayant intégré un bon nombre de principes traditionnelles chinois, il ne montre cependant pas ce sens qui semblerait presque inné là-bas du communautarisme, c’est-à-dire la volonté de s’intégrer à un groupe. Shenlan est individualiste, dans le sens où il privilégie son confort et ses désirs à la communauté. Jamais il n’aidera une autre personne volontairement si l’aide demandé représente pour lui-même un danger auquel il n’est pas près de faire face. Il faut dire qu’il est un vrai « fils de riche ». Beaucoup de ses défauts sont liés à ce simple fait : il apprécie le luxe, n’aime pas recevoir des ordres, fait des caprices, ne sait pas économiser son argent, pense avoir toujours raisons… Peut-être que le terme égocentré lui conviendrait mieux finalement.

Il aime… La couleur rouge pour le « bonheur », la couleur noire pour la « justice », les fleurs de lotus car « masculine », la musique chinoise en générale, le chant (l’opéra chinois, surtout), la littérature, le chiffre 10 signifiant « la perfection », le chiffre 8 et la couleur dorée pour la « fortune », le chiffre 9 puisque « noble » et « glorieux ». Et les serpents, surtout les serpents « parce que le serpent est presque un dragon » – si seulement il pouvait en acquérir un… Rien n’égale le dragon, à ces yeux.

Il n’aime pas… La couleur verte car « porter un bonnet vert » signifie « être cocu », le chiffre 4 et le blanc car synonyme de « mort », être ignoré, les maisons trop bien rangés (son passage garantit un foutoire pas possible), être sale (il est très méticuleux avec son hygiène, et se retrouve désœuvré sans son savon et son shampoing), jouer de la flûte traversière.

Croyances… Les superstitions chinoises à gogo

Physique

Taille : 1m70 – Silhouette : fine – Couleur de peau : claire, typé asiatique, mais laisse facilement des marques de piqures de moustiques – Pilosité : existante, mais vive le rasage intempestif – Cheveux : noir, épais, masse de cheveux importante, très légèrement ondulé – Couleur des yeux : gris, foncé – Vêtement : inspiration chinoise traditionnelle, boucles dépareillées avec une boucle d’oreille pendante (nœud chinois) sur l’oreille gauche et deux anneaux rouges sur l’oreille droite.  – Odeur des phéromones : osmanthus



L’auditorium est dans la pénombre.

Les lourds rideaux rouges s’ouvrent, laissant apparaître sur la scène ta petite silhouette svelte. T’avançant d’un pas guilleret vers le pupitre noir positionné juste devant le public, ta flûte traversière à la main, tu scrutes du regard les spectateurs, à la recherche de visages familiers. Un sourire moqueur apparaît bientôt sur tes lèvres rougis par le rouge à lèvre : évidement qu’ils ne sont pas venus. Depuis quand tes parents prennent le temps d’aller assister à tes spectacles ? Quelle est l’excuse, déjà ? Ah oui, « désolé mon garçon, mais on a trop de travail, on viendra une prochaine fois ». Ils ne viennent jamais. Pourtant, cette fois-ci, tu aurais vraiment aimé qu’ils viennent. C’est le jour du spectacle de fin d’année, le jour de l’obtention du diplôme. Qu’ils viennent cette fois-ci aurait était logique. Mais ça ne leur suffit pas. Toujours pas.

Tu as envie de pleurer.

Hors de question de pleurer, de laisser couler le mascara. Ce serait une honte de voir le maquillage dégouliner comme de la glace exposée au soleil d’été. Tu avais mis des heures pour qu’il soit parfait – plus parfait que d’habitude. Tu avais d’abord appliqué un fond teint, te donnant une peau plus blanche que d’habitude. Typé asiatique des pieds à la tête, tu avais naturellement une pilosité peu développée – encouragé ou non pas le rasage intempestif du moindre poil –, ainsi qu’une peau légèrement orangeâtes qui donnait pouvait facilement donner l’impression à un médecin occidental que tu te nourrissais que de carottes. Une vaste blague. Ta peau n’a rien d’extraordinaire : elle s’imprime facilement de diverses marques, comme les piques de moustiques, l’égratignure du mois dernier… ou encore le bronzage de l’année passée.

Les lumières s’allument.

Elles éclairent ta masse de cheveux noir, épais, légèrement ondulé aussi – pour une raison inconnue. Tes boucles d’oreilles rouges dépareillés se reflètent sur ta flûte plaqué argent : d’un côté, tu as deux petits anneaux, de l’autre, tu as une boucle d’oreille pendante en forme de nœud chinois – pour la bonne fortune. Tu en a vraiment besoin : non seulement tu es bloqué à un mètre soixante-dix de hauteur – ton corps ne semble pas vouloir pousser plus haut –, mais en plus peu de gens semble apprécier ta fascination pour les vêtements traditionnels chinois. Aujourd’hui, il semblerait que les spectateurs fassent une exception : trop occupé à écouter ta prestation, ils n’y font pas vraiment attention.

Ton morceau terminé, tu quittes la scène côté cœur avec précipitation. Tu veux rentrer à la maison et laisser tes larmes couler à l’abris des regards.

Tu as la chance d’ouvrir la porte des vestiaires. Enfin, tu peux fondre en larmes, serrant la flûte traversière contre ton corps.

Histoire

Un chaton noir rentre dans le salon d’un apparemment à Kyoto, au Japon. Poursuivant une balle en laine, glissant sous un meuble, la boule de poile y passe un certain temps avant de la déloger de sa cachette. Le chaton peut entendre son maître discuter au téléphone…

– Cousin, tu vas bien ? Ton examen de flûte traversière s’est bien passé ? Tu auras ton diplôme de fin de troisième cycle ? Ça fait la deuxième fois que tu le passes, n’est-ce pas ?
– Oui, je l’ai eu. Le mois prochain, le professeur organise un spectacle pour fêter ça. Je suppose que tu ne pourras pas venir, hein, Jiajia ?
– Lanlan’, tu sais bien que si je le pouvais, j’irais ! Mais ça aura lieu en pleine période de rush à l’entreprise ! Je ne peux pas me téléporter de l’Amérique au Japon en un clin d’œil ! Tes parents seront là, non ?
– Oui, ils me l’ont promis. J’espère vraiment qu’ils tiendront cette promesse cette fois-ci. Tu te rappel de l’autre fois où ils m’ont fait cette promesse ?
– Oui, pour ton examen de fin de second cycle. Mais c’était justifié, ils ont découvert en passant la chercher qu’elle était- …

(il y a un court silence)

– Non, je ne parle pas de la fois où grand-mère est morte : elle n’est pas morte le jour de mon examen de fin de second cycle, elle est décédée trois mois avant, lorsque j’étais en cours. Papa et maman ne m’avaient fait aucune promesse ce jours-là. Je parle de la promesse faite l’année dernière pour le spectacle de fin d’année.
– Je ne comprends pas, comment tu peux être aussi insensible à sa m-…

(Jiajia ne finit pas sa phrase, un long silence s’en suit)

– Jiajia… Grand-mère, même morte, veille sur nous. On l’honore régulièrement, lui brûle du papier-argent, lui offre de la nourriture… Elle va bien, où qu’elle soit dans l’au-delà, et elle nous regarde, de là où elle est. Et tu peux lui parler en visitant l’autel des ancêtres. J’en ai fait un chez-moi.
– Je ne crois pas aux esprits. Je ne crois qu’en la science.
– Pourtant, chaque année, tu te rends sur sa tombe pour lui faire des offrandes.
– Je… (Jiajia fait une pause, ne sachant pas que répondre) Quand vas-tu rendre visite à grand-père ?
– Aller en Chine ? Je ne sais pas. Tu sais que maman et grand-père ne s’entendent plus, pour une raison que j’ignore. Elle ne veut pas que je retourne là-bas. J’ai passé tout le collège et le lycée au Japon. Passer de nouveau dans le système chinois serait… difficile. J’ai changé. Je ne suis plus tout aussi chinois que ceux qui ne sont jamais sorti de Chine.
– Mais toi, qu’est-ce que tu veux ?
– Je ne sais pas.
– Réfléchis bien. Ce n’est pas parce que tu as des origines japonaises par ta mère que tu n’es pas chinois !

(Shenlan roule des yeux)

– En primaire en Chine, mes camarades ne m’aimaient pas parce que j’étais à moitié japonais. Au Japon, mes camarades me blâment pour mes origines chinoises… Je vais te rejoindre en Amérique, travailler avec toi dans l’entreprise de papa et oncle Wang. Je n’aurais plus de problèmes.
– Tu dois travailler sur ton anglais pour ça, ‘Lan. Et je ne suis pas sûr que tes parents acceptent.
– Ils préfèrent leur travail à leur propre enfant. Je n’ai donc pas honte à préférer vivre avec toi qu’avec eux.
– Shenlan. Ils veulent le meilleur pour toi, c’est pour ça qu’ils voulaient que tu ais les meilleures notes possibles jusqu’à la fin de ta scolarité. Te garantir ainsi une bonne école, et donc un bon travail bien payé derrière.  

(Shenlan ne réponds pas.)

– Shenlan ? Tu ne peux pas réussir dans la vie sans travailler. Tu as toujours eu des butins très moyens. Si tu veux vraiment me rejoindre, commence par travailler ton anglais.
– J’y travaille… Je -
– Non, tu ne fais que lire ces histoires fantastiques wuxia et ces dramas sans intérêts.
– Je ne peux pas passer 12h par jours devant des livres, à toujours potasser les mêmes choses. C’est stressant, épuisant, et contre-productif. J’ai fait ainsi en primaire, au collège, et encore au lycée. Continuer maintenant ? Tu veux ma mort ? J’ai fait les études de commerce comme papa et maman le voulaient, j’en ai terminé avec les études. Et je ne suis plus un enfant, j’ai la capacité de prendre mes propres décisions.
– Ce qui ne te tue pas rend plus fort, Shenlan. Rends-toi utile un peu. Tes parents ne pourront pas toujours te financer. Que ferras-tu lorsqu’ils seront mort ?
– Ils ne mourront pas tout de suite. Ils ont encore de nombreuses années devant eux.
– Ecoute, Shenlan. Si tu veux, oncle Yun et mon père ont une filiale au Japon, près de chez-toi. Ils font du matchmaking, tu sais ? Ils organisent des rencontres entre des personnes qui cherchent un partenaire. Déposes-y en CV. Avec ton expérience avec tes cartes de « divination », ils ne pourront pas te refuser – ou je demanderais que tu sois accepté. Avec le temps, tu pourras peut-être demander une mutation aux Etats-Unis.
– Merci Jiajia ! Je vais faire ça ! Je savais que tu pouvais m’aider !
– Shenlan…
– Qu’est-ce qu’il y a, cousine ?
– Profite de ton temps là-bas pour te trouver quelqu’un. Tes vingt-cinq ans approchent à grand pas. Il faudra te marier d’ici là.
– Quelqu’un ?! Moi ?
– Oncle Yun, ton père, m’a dit de te dire de te trouver quelqu’un de grand, 1 mètre 80, pour contrebalancer ta petite taille. Il faut que la personne ait fait de bonnes études, un doctorat minimum, et qu’elle ait un bon travail. Un qui gagne bien, pour que tu ne la ruines pas. Alpha, Beta à la rigueur, pas un Omega. Il faut aussi qu’elle parle mandarin.

(Shenlan grimace)

– Tu sais que maman a exactement les mêmes critères, n’est-ce pas ? Mais elle veut absolument quelqu’un qui ne parle pas mandarin : elle ne le comprend pas. Ce que je ne comprends pas, c’est leur obsession pour que mon future partenaire soit Alpha. Ça ne marcherait jamais, je suis Beta.
– Pourquoi ? Tu as déjà quelqu’un ?
– Tu parles ! Le vieillard sous la lune ne n’a encore destiné à personne. Ça viendra un jour. Mais un Alpha, vraiment ? Ça irait contre la « volonté du ciel » !

(Jiajia renifle, peu impressionnée)

–  Impossible ou pas, il faut que tu te presses ! Tu devras me présenter cette personne le jour de mon mariage.
– Ton mariage ?! Tu vas te marier ?
– Pas encore, j’attends que ça se calme un peu au bureau. Mais je compte bien me marier avant mes 30 ans ! Et je pense que mon copain va me proposer les fiançailles bientôt… Papa est okey avec mon choix !
– Oncle Wang a accepté ton choix cette fois-ci ? C’est le combientième ?
– J’ai arrêté de compter après le troisième. Mas ça a marché cette fois-ci, je suis contente ! Et ne change pas de sujet. Si tu n’es avec personne, quelqu’un en vue ?
– J’ai consulté les cartes, tu sais ? Il y était dit que je rencontrerais quelqu’un de grand…

La discussion se poursuit, mais le chaton – ayant récupéré sa balle – repart à la poursuite de la boule de laine sur pattes. Pourquoi ne s’arrêtait-elle jamais ?