Caractère

Deux personnes différentes pourraient, sous de bonnes conditions, deux descriptions très étranges de qui est réellement Hotaru. Il est vrai qu'au premier abord, son apparence pose question. Mais il a l'air d'être un chouette type : solaire, lumineux. Il est coloré, joyeux, il parle beaucoup - trop selon certains. Il est toujours enjoué, toujours partant, sa maladresse est attachante, sa douceur est réconfortante. Il est le bon ami, le petit frère un peu pénible mais toujours adorable. Il aime les choses mignonnes, les couleurs pâles. Il sait affirmer ce qu'il aime et ce qu'il n'aime pas, il est franc, honnête, droit, un peu stupide. Il aime paresser dans un canapé confortable, se blottir dans un doux câlin, somnoler en posant la tête sur vos genoux.

Mais l'est-il vraiment ? Sous cette apparence, les premières couches s'effritent. Hotaru a peur, de l'abandon, de la solitude. De l'autorité. De la douleur. Il masque ses insécurités sous l'extravagance, l'insolence. Il bluffe, il bluffe en permanence. Il a peur de l'engagement comme de se retrouver autonome et indépendant. Il se déteste, il ne prend pas soin de son corps, de son esprit. Il s'inflige ce qu'il a l'impression de mériter. Il est anxieux, colérique. Il culpabilise, il n'a pas beaucoup d'estime de lui. Il parle trop, il existe trop.

D'autres l'ont apperçu dans ses plus intimes moments. Silencieux, destructeur. Quand la lumière s'éteint et que ses yeux ne pétillent plus, il n'est plus qu'une ombre frissonnante. Il aime regarder les autres souffrir, se sentir supérieur. Il aime sentir le contrôle, et quand il maltraite son corps, il se sent mieux. Est-ce du masochisme ? Il n'aime pas les hauts-le-coeur qu'il ressent en présence de sang, mais le voir couler, ça a quelque chose de fascinant. Il n'aime pas avoir mal, mais le frisson qui le parcourt alors, cette sensation d'être vivant, c'est encore plus addictif que la meilleure des drogues.

Physique

Hotaru est brillant. Expressif. Extravagant. Il est difficile de le louper et de ne pas se rendre compte de sa présence. Il fait du bruit, il est maladroit, il est attachant. Son sourire semble sincère, ses yeux pétillent. Leur couleur bleue tire vers des teintes violettes, et cette impression est encore plus renforcées par les couleurs pales et vives dans lesquelles il teint ses cheveux : gris, blanc, bleu, violet, vert. Son odeur est généralement proche du citron, piquant, acide, sucré.

Grand pour un omega, petit pour le reste du monde, il atteint le mètre soixante-neuf mais n'hésite pas à se percher sur des talons ou à jouer sur sa silhouette en fonction de ce qu'il porte. Le concept de vêtement genré n'a pas l'air d'être déjà entré dans son crâne et il portera littéralement tout ce qu'il peut trouver beau, mignon, coloré et amusant.

Il semble fragile, et peut-être qu'il l'est. Sa peau un peu trop pâle pour un japonais marque facilement, il se blesse vite, et il n'est pas rare de le voir couvert de bleus ou d'écorchures plus ou moins involontaires. Ses cernes et ses marques, il les cache sous du maquillage, sous sa bonne humeur apparente. Quiconque serait un peu attentif se rendrait pourtant vite compte que tout ceci n'est qu'apparence, fard et paraître.

Sous les couleurs éclatantes et le rire doux, il y a la fatigue visible, les ravages de la drogue, la douleur, et tout ce qui peut se voir sous un mode de vie peu ordinaire et peu recommandé. Il n'est pas encore mince au point de n'avoir que la peau sur les os mais il est loin d'être remplumé. Il porte des vêtements amples pour cacher sa fragilité, et dans l'ensemble, son physique correspond à son caractère. Il maltraite son corps aussi fort qu'il maltraite son esprit.

Histoire

Certains ont une vie extraordinaire, naissent dans des familles importantes et vivent dans l'opulence et l'influence toute leur vie. Hotaru... Hotaru ne fait pas partie de ceux-là. Il est né dans une famille ordinaire, aîné d'une fratrie de trois : lui, son frère jumeau, son petit frère. Des parents travailleurs, une vie ordinaire. Si son jumeau, plus jeune que lui de quelques minutes, était l'enfant chéri, le petit prodige, bêta resplandissant et chéri, lui n'avait pas eu cette chance. Trop ordinaire. Trop naif. Pas assez doué, pas assez intelligent, pas assez brillant. Il passa ses premières années dans l'ombre de son frère, toujours considéré comme "le frère de" ; jamais comme lui-même. Quand le benjamin vint au monde, une autre créature braillarde mais gentille, adorable, bienveillante... il semblait clair qu'Hotaru n'aurait jamais sa place dans cette famille.

Hotaru était un adolescent à problèmes. Perpétuellement en quête d'attention, il enchaînait les bêtises, les petits délits. Vol à l'étalage, disputes, bagarres au lycée. Mauvaises fréquentations. Rien de vraiment grave, mais toujours, toujours des problèmes.
Du moins, jusqu'au jour de l'accident. Hotaru s'était encore retrouvé mêlé à une bagarre, un type gigantesque le retenait contre un mur, menaçant. Et puis tout était arrivé si vite, qu'aujourd'hui encore cela lui semble être irréel. Un mauvais rêve. Un cauchemar. De l'autre côté de la rue, sortant des cours, son petit frère l'avait vu, et avait voulu se jeter à son secours...
... avant d'être fauché en pleine course par un camion. Sous ses yeux.

L'horreur et le vide présent dans son coeur, la culpabilité. La descente aux enfers. C'était sa faute, tout était sa faute. Sa famille s'assura qu'il le comprenne. Rejet familial, rejet sociétal. Il n'était rien, et ne serait jamais rien, rien d'autre qu'un poids pour tout le monde. Le pire, c'était qu'en plus d'avoir été privé de deuil, il se sentait terriblement coupable d'avoir ressenti comme une forme de satisfaction. Sa famille avait toujours préféré ses frères brillants à lui. Bien fait pour eux.

Moins d'un an plus tard, Hotaru quitta le domicile familial. Il erra de squat en hébergements, dormant chez l'un et chez l'autre, utilisant presque tout ce qui pouvait tomber sous sa main. En colère. Toujours plus en colère. En colère contre l'injustice, contre la souffrance, contre lui-même. Et plus il était en colère, plus il prenait les mauvaises décisions, pour de mauvaises raisons. Son corps réclamait de nouvelles expériences, du frisson, la sensation d'être en vie, d'avoir un but. Et il réclamait un contrôle sur sa vie, sur son corps, sur son destin. Malnourri, dépendant, vagabond, Hotaru finit par trouver refuge chez ceux du genre à voir en lui la victime idéale, le produit parfait.

Qu'est-ce qu'il n'aurait pas fait pour sa prochaine dose ? Il n'était rien et se savait manipulé. Mais il enfonçait son ressentiment et sa colère sous une épaisse couche de déni et de sourires. Ne pouvaient-ils pas voir à quel point il était heureux de sa vie ? Content de ce qu'il avait ? Ne pouvaient-ils pas juste prendre soin de lui, apprécier sa compagnie, lui offrir le confort ? Petit à petit, sans même qu'il ne s'en rende compte, il perdit tout sous les dettes et les manipulations. Mais que faire de la petite teigne joyeuse et pleine de vie, qui dit merci avec un grand sourire quand on vient de lui péter le nez ? Ne pouvaient-ils pas voir qu'il était éternel, immortel, invincible ?

Peut-être qu'ils ne voyaient là qu'une autre vie gâchée, qu'une créature insupportable, épuisante, exigeante et pourtant vraisemblablement trop stupide pour être brisée.

Je veux pas y aller. marmonne-t-il en râlant.

L'homme lui enfonce le poing dans le nez, et c'est ainsi qu'il fut présenté à l'autre. N'est-il pas charmant ? N'est-il pas adorable ? Il est tout à vous, si vous le voulez. En gage de notre collaboration, de notre amitié. Un cadeau pour le futur. Hotaru essuie le sang sous son nez, et sourit, pétillant et riant.
Au moins il sera nourri, pas vrai ? Il aura un toit. Et on soignera ses blessures.
Rien de tel qu'un câlin après une gifle.
Pas vrai ?