Caractère

Au quotidien, je suis de nature très douce et joyeuse. Armé d'une patience à toute épreuve, il m'en faudra beaucoup pour apporter la goutte de trop qui débordera du vase. À moins de toucher directement à mon point faible : ma famille. Elle est ce que j'ai de plus cher, et s'en prendre à elle risque de me faire sortir de mes gonds en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

En tant qu'Oméga bien dans ma peau, mon instinct maternel est de base très développé. J'adore les enfants, être à leur contact et leur apprendre pleins de nouvelles choses. C'est si mignon de les voir s'émerveiller pour tout et n'importe quoi. Depuis que je suis devenu maman, cet instinct est passé à puissance 1000. Mon fils représente tout pour moi et il ne vaut mieux pas s'en prendre à lui. Il en va de même pour les enfants qui sont sous ma responsabilité. Alpha ou pas. On ne s'en prend pas à des enfants impunément.

J'ai en horreur tout ce qui est mauvais. La méchanceté et la violence notamment. S'en prendre à plus faible que soi ou à quelqu'un qui n'a rien demandé, je trouve ça exécrable. Vraiment petit et minable. Que vous me connaissiez ou non, le moindre petit coup bas de votre part envers moi suffira à ce que je me braque. Je suis extrêmement rancunier. Un extrême passif. Je ne vous rendrai pas les coups mais vous allez devoir ramer si vous voulez vous faire pardonner. Soit je ne vous adresserai plus la parole, soit je vais bien vous faire sentir mon animosité à votre égard. Je suis très doué à ce petit jeu.

Outre ce fait, je reste quelqu'un de très mature avec la tête sur les épaules. Très tolérant et ouvert d'esprit, vous pourrez aisément aborder n'importe quel sujet avec moi dans la mesure où il est constructif. S'il est à visée malsaine, moqueuse ou conflictuelle, passez votre chemin. J'aime m'instruire, avoir de belles et longues discussions intéressantes et captivantes.

Protecteur avec les gens que j'aime, je suis quelqu'un de très attentionné une fois que l'on a gagné mon affection. Je pourrai tout donner pour ces personnes. Je suis très aimant, ayant énormément d'amour à donner et peut-être un peu pot de colle quand mon amour est inconditionnel. À savoir que je suis très tactile dans ces cas-là. J'ai ce besoin de montrer à l'autre à quel point il compte dans mon cœur et à quel point j'ai besoin de lui aussi. Je suis très demandeur. Du coup, je suis aussi très jaloux. Pas maladif non plus au point de priver l'élu de tout contact qui me déplairait.. je n'aime simplement pas sentir qu'on est intéressé par lui et qu'on ne se prive pas de le montrer même en ma présence. De même que si son attention se porte beaucoup trop sur les autres en me délaissant, je ne vais vraiment pas apprécier. Que l'on ne se plaigne pas si on me retrouve à bouder dans mon coin.

Le rejet est une chose qui me fait peur. Que je redoute. Un manque de confiance en moi m'empêche d'être serein sur ce genre de chose. Je ne supporte pas non plus les conflits, que j'ai tendance à fuir – sauf en cas d'urgence. Ça me rend très vite stressé et anxieux et je suis même capable d'en arriver à m'en rendre malade. Mais ça ne se voit qu'une fois qu'il est trop tard. Parce que quand quelque chose ne va pas, j'ai cette fâcheuse manie de me renfermer sur moi-même, de cacher tout ressenti néfaste. Je prend beaucoup sur moi surtout quand je suis triste et blessé. Avec toutes ces choses qui m'effraient et me freinent, je me retrouve parfois à être indécis pour pas grand chose. Ce qui peut en agacer plus d'un quand on n'en comprend pas la raison.

Autrement, quand il s'agit de sentiments heureux, très positifs ou émouvants, je suis très expressif. Parce que j'aime le partage. Et transmettre ces bonnes ondes aux autres n'est que du plus. Émotif et hypersensible, je peux du coup me mettre à pleurer à chaudes larmes dès qu'un événement, une annonce ou rien qu'une musique me touche. Ça peut être très surprenant pour ceux qui n'ont pas l'habitude d'autant de sensibilité.

Ce que j'adore :
✓ Les animaux – ils sont si adorables.. ma part d’insouciance et de naïveté qui parle
✓ Le jardinage – quel plaisir de cultiver des fruits et légumes issus de son propre engagement. Et puis j'adore les fleurs aussi !
✓ Lire – Un bon bouquin au près du feu, un plaid sur les genoux et une tasse de chocolat chaud avec et c'est parfait. Il n'y a plus qu'à se laisser porter et rêver à de belles histoires
✓ Les activités artistiques – Le dessin, l'écriture, la peinture, laisser libre cours à son imagination fait du bien
✓ La chaleur – frileux, j'aime être emmitouflé dans la couette, un plaid, des vêtements chauds ou près d'une source de chaleur. La chaleur corporel compte aussi, oui
✓ Le sucré – gourmandise quand tu nous tiens. Je ne dis jamais non à un dessert, qu'il soit l'heure ou non.

Ce que je déteste :
✗ Le sang – sa simple vue peut me faire tomber dans les pommes
✗ L'alcool fort – Je trouve ça vraiment très désagréable et pas savoureux
✗ Les plats pimentés ou amers – Mon estomac fragile ne supporte vraiment pas...
✗ Les pubs – Vous aussi, ça vous arrive de vouloir balancer la télévision par la fenêtre ? Ne parlons même pas des publicités intempestives dans les jeux...

Physique

La féminité, la douceur et la délicatesse. Voilà comment je me décrirai. Ce sont les attraits qui me caractérisent et dont je suis fier. D'aussi loin que je me souvienne, ma morphologie a toujours été longiligne – ce malgré ma gourmandise. La seule exception à ce jour fut l'épisode de ma grossesse, où mon appétit fut bien plus conséquent. Aucun regret d'ailleurs. J'étais même encore plus heureux. Je n'ai aucune obsession de poids, j'ai juste perdu mes kilos petit à petit parce que je suis fait ainsi, mais je garde tout de même de légères traces de la petite vie que j'ai portée. Avec bonheur. Actuellement, je suis donc aux alentours de 63kg pour 1m70. Ma peau est laiteuse et ma musculature très pauvre. Je ne fais pas vraiment d'exercice physique à proprement parler pour en avoir. Ça ne m'intéresse pas.

En matière de vêtements, je ne suis pas difficile, aucunement exigent. J'aime être à l'aise, en toute simplicité. Je suis loin de suivre la mode à la lettre. Je porte ce qui me plaît ! Bon, je conçois que je n'irai pas jusqu'à mettre des guenilles ou du claquette-chaussette non plus. Mon apparence est un minimum soignée selon ma vision des choses. Disons seulement que je n'ai pas de style défini et que mes tenues sont différentes selon les occasions.

[✜] Pour la maison : vêtements amples à oversize ; kimonos ; pyjamas – même kigurumi. On est si bien dedans... C'est doux et ça tient chaud ~

[✜] Pour l'extérieur : J'aime les hauts oversize en automne/hiver ou les pulls en laine avec de jolies mailles tricotées. Un simple jean avec parfois un legging en dessous quand le froid est vraiment trop violent. Je suis aussi toujours accompagné de mon dufflecoat en ces temps-ci.
Pour le printemps/été, c'est le retour des couleurs qui accompagnent mon humeur. Je dévoile un peu plus mon corps avec de petites pièces comme des shorts et hauts mignons lorsque la chaleur est trop intenable. Lors de températures plus douces, leggings et tuniques sont généralement de sortis, voir même des combinaisons. Très féminin. Pas de tenues de l'homme viril. J'aime ce qui est délicat, fleuri ou à autres motifs, pastel et j'en passe. Même pour ce qui est des matières, je les aime douces et agréables à porter. Comme je ne roule pas sur l'or, je ne dois avoir que deux ou trois pièces uniques faites avec une belle qualité. Autant dire que j'en prend le plus grand soin...

[✜] Pour les grandes occasions : Mariages, départs à la retraite, etc.. Ici, j'aime faire l'effort d'être un peu plus apprêté. Petit costume trois pièces quand le dress-code l'exige mais toujours dans des tons doux, avec mes cheveux que j'adore onduler. Je ne suis pas non plus contre les fêtes avec des thèmes précis – bien au contraire. Je trouve ça très amusant ! Je me rappelle la fois où les garçons devaient venir en femmes et les filles en hommes. C'était super sympa, on avait bien ri. Je dois avouer que porter une robe et un joli chapeau m'avait plutôt réussi et plût. Venir en cosplay aussi c'est très divertissant. Ça laisse tant de choix !

Revenons maintenant plus en détail sur mon visage, fin et angulaire. C'est vrai que de part mon air efféminé, odeur mis à part, on me classerai directement dans les Omégas. Mais pour moi ce n'est pas une honte. J'ai un petit nez classique, de fines lèvres souriant à toute épreuve et de grands yeux bleus-gris. Un grain de beauté sous l’œil gauche, vers le coin externe. Mes cheveux sont châtains et mi-longs une grande partie de l'année. Il m'arrive parfois de les couper au niveau de la nuque quand l'envie m'en prend. Un peu de changement ne fait pas de mal, même si ça ne dure pas très longtemps à l'allure où ils repoussent. Quand ils dépassent mes épaules, je les attache négligemment avec un petit élastique ou un ruban et je les laisse retomber devant, sur mon épaule. Outre le fait que j'applique toujours une crème sur mon visage, il m'arrive aussi de me maquiller un peu. Tout en légèreté, discret, mais présent.
Les accessoires qui ne me quittent jamais sont ma boucle d'oreille et mes piercings (situés au niveau de l’hélix) à l'oreille gauche.

Histoire

Je suis né le matin du 25 décembre 1990. Un cadeau pour le moins bienvenu en ce jour particulier. Ma mère, une oméga anglaise aux belles boucles blondes et aux yeux bleus, fervente amoureuse des traditions – notamment en matière de fête – n'en fut que comblée. Moins drôle pour ''mon père'' qui aurait aimé profiter de son jour de congé en toute tranquillité ! Mais une fois devant ma petite bouille, ce fut pour lui l'un des plus beaux jours de sa vie. Il s'agissait d'une Alpha d'origine japonaise, très garçon manqué et imperturbable en dehors du cercle familiale.
Elles s'étaient rencontré à Brighton en Angleterre, à l'occasion d'un meeting professionnel. Shizuka s'était fait happée par la jolie tornade, Grace. Rome ne s'est peut-être pas faite en un jour, mais leur relation quant à elle fut comme une évidence. La magie des âmes sœurs. Depuis tout petit, leur histoire me faisait bien plus rêver que n'importe quel conte de fées.

Je suis né au Japon. Maman Grace n'a pas hésité une seule seconde à quitter son poste de serveuse en hôtellerie pour rejoindre sa moitié. Pour ce qui était de l'éloignement familial, c'était forcément plus dur pour elle, mais Papa Shizuka faisait tout pour qu'ils puissent leur rendre visite – que ce soit eux en Angleterre ou les anglais en visite au Japon. Il y avait toujours une solution. Avec une Alpha et un très bon poste forcément, l'argent pour tous ces voyages n'était pas un souci. Pour autant, on a vécu modestement comparé à la vie qu'on aurait pu avoir. Maman était peut-être très coquette mais elle refusait de vivre autrement – la peur de changer sûrement. C'est vrai que l'argent pouvait faire tourner bien des têtes. Les deux femmes de ma vie s'étaient donc accordées pour plutôt faire profiter leur entourage mutuel, des refuges et associations, ainsi que leurs épargnes. Bien sûr, on en a aussi bien profité par des voyages, des sorties et des activités en famille. Aucune restriction pour passer de bons moments ensemble.
Un compte avait été créé spécialement pour économiser. Un compte dont elles s'étaient mutuellement engagées à ne se servir qu'en cas d'extrême urgence. On était jamais à l’abri de rien. Au moins, elles étaient prévoyantes. Depuis ma naissance aussi, elles plaçaient pour moi plus tard, mais le compte en question qui restait endormi m'était aussi destiné en héritage. Je n'en avais pas connaissance et encore moins de son montant.. et ça m'était bien égal. Le principal pour moi c'était de les avoir à mes côtés. Elles avaient plus d'importance que tout l'or du monde à mes yeux.

Un climat rempli d'amour. Un cocon. J'ai baigné et grandi dedans. Surprotégé par le fait qu'elles n'ont pu avoir qu'un seul enfant – maman a du subir une opération des ovaires peu après ma naissance, la rendant stérile. Ça n'a jamais été un sujet de discorde, que ça vienne de leur couple ou de leur entourage, fort heureusement. On pouvait dire que c'était ça l'amour, le vrai. On prenait soin des autres sans se laisser pourrir par des intérêts personnels et égoïstes.

Mon cursus scolaire s'est déroulé sans trop de complication. J'étais bien entouré, dans un petit village soudé. J'avais des amis de tout statut. On ne se souci guère de ses choses-là en petite école. La seule chose qui pouvait peser était l'éducation et l'avis des parents. Dans mon cas, je n'avais pas subi le fait d'être né Oméga. Que cela vienne de ma bonne éducation, mon bon comportement, ma mignonnerie ou de Shizuka.. peu importe. Le malheur ne m'avait pas gagné.
En grandissant, on prenait tous pleinement conscience de nos conditions respectives. Nos parents nous en avaient déjà touché quelques mots mais en cours on était bien plus dans le sujet. Les écoles plus grandes nous faisaient rencontrer d'autres camarades – pas toujours du même avis que nous sur la question – mais c'est ce qui nous forgeait. On commençait petit à petit à faire attention à certaines paroles, certains gestes. Nous n'étions plus des enfants.
Ce serait mentir de déclarer ne jamais avoir été la cible d'insultes, de gestes déplacés ou de regards indésirables. Ça n'a juste jamais été jusqu'à des actes cruels. Et puis c'était ainsi. J'avais cette notion ancrée dans ma tête, quand bien même c'était dommage d'évoluer dans le mépris. Le plus incroyable, c'est que ça m'était arrivé seulement à partir du lycée. Tous entièrement responsables et conscients de nos actes, on ne pouvait utiliser l'excuse de « ce ne sont que des enfants, ils ne savent pas ce qu'ils font ». Souvent je me suis demandé si les temps changeraient un jour. Je n'arrivai pas à comprendre pourquoi nous, les Omégas, étions aussi mal vus. Nous étions tous humains, non ? Nous aussi nous avons des sentiments. À croire que le monde ne pouvait tourner sans le mal.

C'est durant ma dernière année de lycée que j'ai rencontré Yasuo. Lui était scolarisé dans un autre établissement, un Alpha d'un an mon aîné. Nos groupes respectifs d'amis se réunissant souvent, on en est venu à mieux se connaître par ce biais. De fil en aiguille, des numéros de téléphone échangés, une attirance mutuelle, des sorties à deux.. et nous voilà à sortir ensemble. Il a été mon premier amour. Un grand amour que j'aurai pensé éternel. C'était utopique de ma part, naïf aussi. Comme tout jeune couple, les débuts sont roses, sans aucune ombre au tableau. Malgré la fin de scolarité pour ma part afin de passer concours et formations pour mon projet professionnel, et lui de son côté, promis à un grand avenir comme tout bon Alpha qui se respecte, continuant à l'université, nous ne nous sommes pas perdus de vue. Je ne sais et ne saurai jamais s'il a tenu en flânant près d'autres personnes que moi mais il a toujours eu ma plus aveugle des confiances.

Diplômes en poche, on a fini par se mettre en ménage tous les deux. Comme je pouvais enfin trouver un travail, plus rien ne m'empêchait de passer ce cap. Et Oméga ne signifiait pas obligatoirement profit et ''femme au foyer''. Ce n'était pas dans mon vocabulaire. Je ne voulais pas dépendre de qui que ce soit, ni me faire entretenir. Je voulais m'épanouir. Faire ce qui me plaisait. Yasuo l'avait accepté même si son ego de mâle en avait pris un coup. J'étais certes amoureux mais ça ne voulait pas dire me priver de ma liberté pour autant. Rester enfermé à la maison était tout bonnement impossible. J'avais besoin de voir du monde, de sociabiliser, de ne pas avoir un monde qui ne tourne qu'autour de lui et du canapé.

Grace et Shizuka m'ont soutenu et me soutiennent encore dans chacune de mes décisions. Notre complicité n'a jamais été ébranlée. On se dit toujours tout. Elles ont été les premières informées de ma grossesse – non pas par manque de confiance envers mon petit-ami, plutôt par crainte de sa réaction. On avait jamais trop évoqué le sujet des enfants, on profitait juste de la vie. Et puis nous étions encore jeunes même si c'était un âge raisonnable pour devenir parents. Yasuo prenait tout juste ses fonctions dans la boîte de son frère tandis que ça ne faisait qu'à peine 2 ans que j'avais trouvé une place en école maternelle. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour nous. Tellement de questions qui me stressaient.. mes mamans avaient su me donner courage et réconfort.

Au final, mes craintes étaient infondées. L'Alpha qui partageait ma vie était plus qu'heureux en apprenant cette nouvelle. J'étais comblé. Nous allions avoir notre premier enfant et tout devait être prêt pour son arrivée, estimée pour le courant de mai. J'ai donc pris mon congé maternité au moment où le travail m'épuisait beaucoup trop. Ce n'était pas si simple tout ça. Entre les douleurs et les vomissements intempestifs des débuts, c'était bien moins drôle que la description qu'on en faisait. Si je devais choisir mon moment préféré concernant la grossesse, c'était quand je sentais que mon bébé bougeait. Bon, parfois un peu trop dynamiquement. Mais ça me rendait heureux.

Nobu, splendide petite bouille d'amour de garçon de plus de 3kg200, vit le jour le 16 mai 2016 vers 3h34. J'avais 25 ans. Le plus beau jour de ma vie. Pouvoir donner naissance était comme un cadeau du ciel pour moi. Une chose magnifique. Nobu était subjectivement le plus beau bébé de la planète. Mon petit trésor. La prunelle de mes yeux.
Ce bonheur, je pensais pouvoir le partager avec Yasuo... Ce qui ne fut pas le cas. À l'annonce où le bébé fut déclaré Oméga, ce fut comme un couperet pour le père. Je n'avais pas remarqué qu'il était devenu livide. Peu importe son statut pour moi, je ne me lassais pas de contempler le tout petit bout qui s'endormait dans mes bras, sagement. On aurait dit un ange.

La situation m'éclata au visage de retour à la maison. Trop préoccupé par le confort de mon fils durant le trajet, je n'avais pas capté ce lourd silence de la part de mon homme qui tenait le volant, crispé comme jamais. Il eut tout de même la décence d'attendre que Nobu soit couché dans son joli berceau avant de me reprocher tous les malheurs de la Terre. Monsieur ne m'avait jamais rien dit, il avait parié sur le fort pourcentage de chance que notre enfant naisse Alpha. Un Oméga pour descendance ? Hors de question pour lui. Et il m'annonce ça comme ça, sans ménagement, sans transition, sans aucun état d'âme. Sans cœur. « Tout est de ta faute », qu'il me répétait. Histoire de bien me finir, il ajouta qu'il ne l'avait pas reconnu auprès de l'administration et qu'il ne le reconnaîtrait jamais. Par-contre, il voulait bien me laisser une chance si j'abandonnais mon bébé dans un orphelinat, ou n'importe où en fait. Il m'avait même suggéré de le donner à mes mamans si c'était trop dur pour moi. Il était ''prêt à me garder'' si je lui donnais un Alpha. Comme si ces choses-là se commandaient... Ce n'était pas l'homme que j'aimais qui était devant moi. C'était un monstre. Juste un homme sans cœur qui s'était servi de moi finalement et que je ne connaissais pas en réalité.

J'ai choisi de partir.
La question ne s'était même pas posée.
Le doute ne m'avait pas effleuré l'esprit.
Abandonner mon bébé ?
Jamais.

J'étais dévasté. Cet épisode a été très difficile pour moi. Encore une fois, heureusement que j'avais toujours les deux femmes de ma vie. J'étais retourné chez elles et elles m'ont aidé à me relever. Ça a pris un temps fou. J'étais vraiment à la limite de la dépression. Grâce aux trois personnes les plus importantes de ma vie, je n'avais pas basculé. Ayant besoin de temps avec ma famille et surtout pour prendre soin correctement de Nobu, j'ai du déposé ma démission. Je pouvais me le permettre. Je n'étais pas en état de reprendre le travail de toutes façons. Ça avait juste enlevé une épine du pied à l'école qui n'eut pas le besoin de m'envoyer une lettre pour m'informer qu'elle ne pouvait pas laisser mon poste vacant aussi longtemps. À dire vrai, cette décision ne m'avait pas tellement affecté, vu la douleur que j'avais vécu. Ce n'était que secondaire. Un emploi, je pourrai en retrouver un autre le moment venu.

Je me suis reconstruit petit à petit et le sourire est revenu. Il fallait avancer et ne pas faire le plaisir aux mauvaises personnes de se morfondre et se laisser couler. Je voulais que mon fils soit heureux. S'il ressentait ma tristesse ou mon mal être, il n'arriverait pas vraiment à l'être. Je voulais juste qu'il grandisse dans l'innocence la plus pure, tout comme j'en ai eu la chance. Il n'avait pas à se préoccuper de problèmes d'adultes. Pas aussi tôt.
Les années passent. Je met de côté le plan amoureux parce que j'en ai eu ma dose. Et puis parvenir à refaire confiance, c'est compliqué. Les gens sont si doués pour cacher leur véritable nature, leurs opinions, leurs convictions. Comment être sûr sans risquer de se faire de nouveau avoir ? Aller jusqu'à faire un enfant en priant pour qu'il soit Alpha sinon rien c'est quand même du lourd... Il y a certainement pire que ce que j'ai vécu, mais je considère que ce fait est déjà très grave.

Je reste à la maison jusqu'à ce que Nobu soit en âge de débuter l'école. Son premier jour est compliqué autant pour lui que pour moi. Notre relation fusionnelle n'a pas l'habitude de la séparation. En quelques jours, le voir déjà plus rassuré, ravi d'y aller et surtout déjà avec de petits amis m'apaise. Mais quand même, quel bonheur de voir sa petit tête châtaine se secouer dans tous les sens quand il rapplique en courant vers moi quand je viens le récupérer. Ses jolis yeux noirs me contemplent toujours comme s'il ne m'avait pas revu depuis trop longtemps, comme s'il avait besoin de se dire que j'étais vraiment là avec lui.

Une fois sa rentrée bien établie, j'ai enfin le déclic pour reprendre ma vie en main. Me trouver un petit appartement rien qu'à nous deux et surtout un nouvel emploi. Courant de cette année 2019, je parviens à me faire engager dans une petite crèche toute neuve, trop mignonne. Peu après, j'obtiens aussi un modeste appartement, à la fois proche de l'école de mon petit cœur ainsi que de mon lieu de travail. La roue tourne.
L'épanouissement revient peu à peu. Mon fils s'est très bien habitué à cette nouvelle vie et moi j'ai d'excellentes relations avec mes collègues. Je me sens mieux. De nouveau moi-même. Je me retrouve.

Après 4 ans de célibat, je rencontre un nouvel homme. Un bêta. C'est l'oncle d'une des petites filles dont je m'occupe. Il est charmant. Un peu maladroit mais il réussit à me faire rire. Le duo qu'il forme avec sa nièce est excellent. La petite a du répondant et mène son tonton à la baguette. Ils s'adorent et ça se voit, se ressent. Elle n'est pas Alpha. C'est peut-être ce qui m'a aidé à faire tomber quelques unes de mes barrières. J'étais catégorique sur le fait de ne plus vouloir personne.. pourtant, le manque affectif se fait sentir. Être aimé part un enfant ou des parents ne comble pas ce vide. C'est encore différent.

Haru est gentil avec moi. Prévenant. C'est quelqu'un de droit et de sincère. Peut-être pas assez confiant et parfois introverti. Mais je l'apprécie beaucoup. Je me laisse aller, lui ouvrant un peu mon cœur. Nous passons de très bons moments ensemble mais quand Nobu est là, il fait comme un blocage. Il est bien plus sur la retenu. Moins sûr de lui, du comportement qu'il doit avoir. Intimidé. Je le vois parfaitement et je ne préfère pas laisser traîner les choses. Nous avons une discussion et finalement, il m'avoue qu'il se sent incapable d'élever un enfant qui n'est pas de lui. Outre l'élever, rien que vivre avec. Une de ses craintes serait qu'en grandissant, mon fils se rebelle contre lui et lui mène la vie dure en lui envoyant au visage qu'il n'est pas son père. Aussi, il a peur qu'un autre souci survienne : que son père biologique refasse surface pour je ne sais qu'elle raison. À part pour nous pourrir la vie, je ne vois pas bien pourquoi. Ça m'étonnerait fort qu'on le recroise un jour, mais qui sait... ? Bien sûr, si mon fils cherchait à savoir de qui il s'agit un jour, je ne lui cacherai rien.

Nous en restons donc là sur cette relation de quelques mois à peine. Nous gardons de très bons rapports amicaux cependant. C'est toujours un plaisir de le croiser de temps en temps et d'avoir de ses nouvelles. Il est resté très correct envers moi jusqu'au bout et personne n'a pâti de cette séparation – déception exceptée.
Même si ce n'était pas le bon, ça m'a au moins permis de comprendre que j'étais tout à fait prêt à m'engager de nouveau si je me sentais bien avec quelqu'un. Je n'étais finalement pas un cas désespéré. Pour autant, je ne suis pas dans une recherche active de l'amour. Mon fils reste ma priorité absolue. Pour le reste, je prend les choses comme elles viennent sans forcer le destin.

Aujourd'hui, j'aurai 32 ans en fin d'année, je suis ATSEM dans la même crèche depuis bientôt 3 ans et mon bébé tend vers ses 6 ans ! Nous vivons tous les deux dans un appartement dans le quartier Est en périphérie de Kyoto. Nous rendons régulièrement visite à ses deux mamies préférées, toujours aussi amoureuses de lui.
Mais c'est sa maman qu'il préfère par-dessus tout !