Caractère

« Je dois vraiment passer par là chef ? »

Il me regarde avec ses yeux qui disent : « Je vais te botter le derrière Fuyuko si tu ne réponds pas correctement... ». Je lâche un soupir et fais la moue. Il a le don de me prendre le chou, mais c’est pour mon bien. Je pense que je peux le croire, mais il devra une tournée. Bon, je dois commencer.

« Je pense que je suis là à cause de mon trop plein d’énergie. J’ai encore fait chier le petit bleu ? Je vous jure, ce n'est pas méchant. J’aime bien l’asticoter. Puis c’est lui qui ne bouge pas. Qu’il bouge un peu, ça lui fera du bien. Je veux que son bien...
- Vous abusez un peu, monsieur Mamoru.
- Peut-être, mais ce n'est pas ma faute si j’ai envie de le secouer un peu. C’est parce que monsieur est bêta qu’il doit être aussi mou. On doit faire en sorte de montrer que ce monde est bien protégé entre nos mains.
- Il n’est pas le seul que vous embêtez, monsieur Mamoru.
- Je suis un peu impulsif... »

J’entends clairement le chef qui s’étouffe. Hey respire chef, tu vas finir par avoir un arrêt cardiaque et pour l’amour d’Ironman, je ne suis pas encore paré à prendre sa suite. Je lui fais un sourire digne des meilleures publicités. Tout ira bien chef, je vais tenter de ne pas faire trop de bêtises. Promis, si je le fais, je te donnerai des beignets.

« J’ai pu voir ça dans vos rapports et ceux de vos collègues. Mais semblez bien faire votre travail.
- Encore heureux, il ne manquerait plus que ça. Que je trahisse notre déesse justice. Telle la ligue des justiciers, nous veillons sur les civils. Et les clans finiront un jour derrière les barreaux, parce que sans eux, la ville sera plus sûre et le taux de criminalité baissera radicalement.
- C’est un peu utopiste.
- Je dirais plus optimiste. Je pense qu’il y a du bon dans chaque humain. Même si je ne pardonnerai pas certaines erreurs. Il ne faut pas pousser le bouchon non mais.
- Je vois, je vous signale qu’il est interdit de venir bourrer au travail.
- C’est pour ça que je sors quand je peut après. Il faut bien décompresser. Puis je suis arrivé une fois avec une gueule de bois, vous n’allez pas m’en vouloir.
- Toujours célibataire ? »

C’est quoi cette question ? Il est intéressé ce type ? Il n’est pas du tout mon genre. Puis je préfère quand il y a du feeling. Cette symbiose aussi forte que le duo de la Cape et l’Epée. En duo à la vie comme dans leur travail. Je me passe volontiers du second. Mais c’est la fusion. Cette chose qui me fera voir le monde autrement que je cherche. Mon type ? J’aurai tendance à dire que ça varie. Je dis, c’est au feeling.

« Ouais, je finirai par trouver ma moitié, homme ou femme. Qu’importe son rang. Je suis paré à l’aimer si ce dernier m’aime en retour.
- Comme c’est mignon…
- Et des chocolats à la saint-Valentin et petits rendez-vous autour d’un bon repas, la base.
- Au moins, on saura quand vous serez amoureux, vous prendrez plus de congés.
- Pas forcément, la justice a besoin de nous.
- Vous nous l’avez déjà dit ça non ?
- Peut-être… Je m’excuse pour le potin que j’ai causé.
- Trouvez-vous quelqu’un, c’est peut-être la solution ?
- Ou pas, comme si je ne cherchais pas aussi. Je suis solo. Mais je ne trouve pas Ou je ne suis pas digne... »

Je regarde le chef, il me fusille du regard, pourtant, c’est plus fort que moi, je me mets à chanter le générique de Batman. Ils finissent par me sortir de là. Bah, je pense que j’ai fini...

Physique

Les yeux bleu-gris, c’est cool ça me donne côté ice baby. Pour mes cheveux noirs, ou bruns foncés. Tout dépend de ce que l’on voit. Moi, je les vois aussi noirs que le costume de Venom. Ouais, c’est la classe. Totale. Je suis un beau gosse. Et je suis encore et toujours célibataire, horreur… Malheur… Je défaille. Oups, je m’égare… Désolé. Pour ce qui est de ma taille, je me fais environ un mètre quatre-vingt-quatre. Plus si je mets des talonnettes, mais c’est tricher. Bon, j’avoue que certaines bottes peuvent me grandir, mais jamais beaucoup. Les rangers ça donne un air américain. Avec certains habits, je suis le parfait héros de comics. Quoi ? J’ai un beau sourire. Oui, mes dents sont blanches. Venez vérifier par vous-même si vous ne me croyez pas. Pour ce qui est de ma peau, elle est pâle. Pas aussi jaune que certains pourraient croire. Pourtant, mes parents et moi-même sont japonais, merci à eux. Puis parlons de mon corps de rêve, oui, je suis musclé, bon, je ressemble pas à certains héros bien plus baraqué. Mais je me débrouille puis j’ai une technique spéciale. Un art martial ancestral, celui qu’on enseigne à chaque persoones faisait partie de forces de l’ordre et de la loi. Oui, la voix est secrète ou presque. Donc son nom sera tu. Non, je n’ai pas oublié, c’est faux. Sinon ma tenue vestimentaire ? J’ai mes uniformes, oui, au pluriel, ne pensez pas qu’on met toujours le même ça serait répugnant. Puis dans la vie de tous les jours. J’aime être à l’aise dans mes vêtements. Certains sont colorés d’autres non. Je me sens juste bien dedans. Pantalon et pantacourt compris. Mes t-shirts avec des héros de comics ? Ils sont classe. Non, je ne suis pas un grand enfant. Il y a des sujets sérieux dans ces bandes dessinés, ouais. Pour le reste. Je ne me détache pas du reste des gens. Peut-être pour ça que je suis célibataire… Je vais me rouler en boule dans un coin, là, tout de suite.

Histoire

Je ne me souviens pas du jour où je suis né, j’ai que l’histoire de mes parents qui me la raconte souvent en riant. Parce que j’ai trouvé ça drôle de faire une fausse alerte le premier. Je n’étais pas conscient, j’étais un bébé. Pourquoi j’aurai trouvé ça comique ? Je sais que mon humour est particulier, remercions ce cher homme-araignée, mais jamais j’aurai calculé ce genre de choses. Heureusement pour moi, je suis né un peu après. C’est à la perte des eaux que mes parents ont cru que cette fois, c’était la bonne. Il fallait dire que maman avait eu comme ordre de pas trop bougé et comme elle lisait Aquaman, elle pensait que c’était juste son imagination. C’est papa qui s’en est rendu compte après.

Et voilà comment je suis né, dans l’urgence, comme beaucoup d’enfants, je suppose. Ou comme pas mal de bêtas. Mes parents sont bêtas, je le suis également, au début, j’ai pas senti de différence entre moi et mes camarades d’école. Il fallait dire qu'enfant, généralement peu savent quel catégorie ils sont. Oh, certains étaient sûrs d’être telle ou telle catégorie. Comme moi. Mes parents me l’ont dit assez vite. Et je m’en foutais, je vivais ma vie paisible aux côtés de mes héros de papier. Protégeant les faibles de mon corps. Je ne supportais pas de voir des gens s’en prendre à quelqu’un qu’importe la raison. Pourquoi en venir toujours aux mains ou aux insultes pour une différence. Ce n’est pas une couleur de peau, un genre ou une catégorie qui dit une personne ce qu’elle est. Avec une bonne volonté, on peut faire des merveilles. Batman n’a pas de pouvoir, mais il est hyper fort.

Mes blessures ont été souvent disputées par mes parents. Ils n’aimaient pas me voir comme ça. J’avais beau leur dire que je voulais protéger quelqu’un comme un héros de comics. Ces super-héros avec lesquels il me berçaient depuis ma naissance. Ces héros que j’aime beaucoup. Qui m’encouragent à rendre la justice. De vaincre le mal. Pourquoi les gens trouvaient ça drôle de persécuter les autres pour une différence. Je ne suis qu’un bêta, mais pour toutes ces injustices, je serai leur Batman. Parce que Superman est bien trop balaise pour que je sois comparé à lui.

Quand j’étais adolescent, j’ai continué à défendre ceux qui se faisaient agresser. Si bien qu’on m’a peu dit que je serai bien dans le comité de discipline. C’était plus un autre club qui me faisait de l’œil, mais pourquoi pas. Ce n’étaient pas mes notes qui me mettaient avec eux. Juste ma soif de justice. Cette soif qu’ils ont tenté de calmer parce que j’étais un bêta. Maintenant, que tout le monde savait pour sa catégorie, certains me disaient que je ne pouvais rien faire face aux alphas. Oui, je suis moins musclé, oui mes phéromones sentent à peine. Mais si quelqu’un se fait agresser, il était de notre devoir de les arrêter. M’ont-ils jeté du club ? Non, j’ai juste jamais été président, je n’avais jamais voulu cette place. Un héros se doit d’être parfois discret. Je ne suis pas Iron Man après tout. Et je respectais le règlement. Un vrai héros ne transgresse pas la loi.

Même si mes notes étaient justes, j’ai tenu bon. Il n’était pas facile de se concentrer quand on était témoin de brimades et que tout ce que je pouvais faire. C’était aider ces pauvres gens à nettoyer leur casier, leur banc ou leur chaussure. J’ai toujours trouvé ça horrible que les adultes soient souvent pieds et poings liés. Alors j’étais tout même rassuré de finir le lycée, pas avec les notes extraordinaires, certes. Mais j’ai fait ce que j’ai pu. J’ai bien tenté d’étudier, mais à part les noms des héros, peu de choses semblent vouloir s’accrocher dans mon esprit.

Naturellement, j’ai voulu entrer dans la police après. C’était une évidence. En plus de ça, mon expérience dans le comité de discipline pouvait m’aider. Pas mes notes, elles étaient assez limites. Quand j’ai fait test, je n’étais plus surpris que ça d’être dans la moyenne, au moins je ne frôlais pas l’échec comme à l’école. C’était déjà ça. Je ne sais pas ce qui a fait qu’ils m’ont acceptés. Peut-être à cause de ma volonté, peut-être que ces moments sur le terrain lors des stages les avaient convaincus. Mais ils m’ont pris. Ils m’ont pris moi. Et d’autres. Mais moi. Fuyuko Mamoru était un policier.

Certains diront que je ne parle pas de mes histoires d’amour, alors je vais leur consacrer un peu de temps avant de continuer mon parcours pro. Je pense que la première personne dont j’étais amoureux était une oméga adorable aux longs cheveux que j’imaginais soyeux. Un amour d’enfance. Cet amour est vite parti quand cette fille est partie. Puis pour mes autres amours, je pense que j’aime les gens un peu faibles, qui me donne envie de les protéger. Je suis rarement tombé amoureux d’alphas. Le seul dont je me souviens, c’est le président du conseil des élèves. Le voir ivre lors d’une fête m’a fait craquer. Puis il était très tactile. J’en ai profité un peu. La fête, je n'en ai pas parlé, mais comme l’amour, ça fait partie de ma vie. Je n’ai pas été un sage adolescent. Oh non, je sortais régulièrement sans transgresser la loi. Donc j’ai eu ma première cuite à mes vingt et un an. Et oui depuis l’alcool me suit partout. Je parlais de mes histoires d’amour non ? Le dernier en date est un bêta. Mais je pense que cette personne mérite mieux que le dépravé que je suis devenu. Peut-être que ce célibat était ma punition. Mais j’ai envie d’amour. De me sentir si proche de quelqu’un, l’embrasser, faire l’amour. Bref tout.

Retournons à ma carrière. J’ai été le bleu pendant un moment. Un bon moment. Apprenant et ne faisant pas tant d’erreurs que ça. Mais on en fait tous. Seulement les nôtres peuvent être fatales. Je me souviens de la première fois que j’ai vu un mort. J’ai dû sortir de la pièce pour vomir et pleurer. Pauvre gars. Je m’en souviendrai toute ma vie. De toutes ces enquêtes, certains fructueuses, d'autres moins...

Je suis devenu officier à force de travail, mais aussi parce qu’un de mes supérieurs m’avait à la bonne. Il fallait dire que je faisais en sorte de pas trop trahir notre uniforme malgré mes sorties. Je ne suis venu qu’une fois avec la gueule de bois au travail. Depuis, je me suis promis de me réguler. Je veux montrer l’exemple un peu. Surtout au bleu. Yuki. Histoire qu’il ne fasse pas les mêmes erreurs que moi. Il est volontaire, un peu mou, mais il sera un bon élément. Je le sais. Je le sens. Mais j’adore le taquiner. Lui et mes supérieurs, ça m’amuse. Sauf quand le chef me fusille du regard. Outch. Fuyons.

J’espère que cette affection que j’ai n’ira pas plus loin. Que je trouverai un homme à ma mesure. Et que la police arrête le plus de malfrats possible.